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> Claude RÉGY (1922)
La compagnie de Claude Régy, Les Ateliers contemporains, a pour vocation de créer en France les œuvres de jeunes auteurs dramatiques. Régy a toujours privilégié une telle recherche, et permit de découvrir en France Harold Pinter, John Osborne, Peter Handke, Botho Strauss ou Gregory Motton. Il poursuivait durant la saison 1999-2000 ce travail de création originale au Théâtre de Nanterre-Amandiers, avec le Norvégien Jon Fosse (Quelqu'un va venir) et l'Écossais David Harrower (Des couteaux dans les poules).
Voir ici un entretien de Claude Régy avec Arnaud Rykner à propos de sa réflexion sur le langage théâtral.
Venu d'une famille protestante des Cévennes, Claude Régy dit avoir gardé un attachement au Texte, à la Bible, constamment citée. Ce spiritualisme sans dogme annonce l'une des orientations de sa démarche théâtrale. Claude Régy a fréquenté les cours d'art dramatique de Charles Dullin, Tania Balachova et Michel Vitold. Il devient l'assistant de ce dernier, puis d'André Barsacq et de Michel Fagadau, avant d'entreprendre ses propres mises en scène. Il porte à la scène les œuvres de Marguerite Duras (Eden cinéma, 1977 ; Le Navire-night, 1978), de Nathalie Sarraute (Isma, 1972 ; C'est beau, 1975 ; Elle est là, 1979). Régy ne cesse de poursuivre un dialogue avec les auteurs vivants. L'Amante anglaise, de Duras, l'accompagne de loin en loin : la pièce, interprétée par Madeleine Renaud, est montée en 1969, 1982 et 1989.
L'intérêt que Claude Régy porte au renouveau de l'écriture théâtrale ne se limite pas aux auteurs français. Au milieu des années 1960, il contribue à faire connaître une nouvelle génération d'auteurs anglo-saxons : Harold Pinter (L'Amant, La Collection, 1965 ; Le Retour, 1967), James Saunders (La prochaine fois je vous le chanterai, 1966), John Osborne (Témoignage irrecevable, 1966). Au Théâtre-Antoine, aux Mathurins, avec Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Pierre Brasseur, Emmanuelle Riva, Michel Bouquet, les spectacles rencontrent le succès. Mais Régy ne persévérera pas dans cette voie. Il va se tourner vers des auteurs allemands : Peter Handke (La Chevauchée sur le lac de Constance, 1973 ; Les gens déraisonnables sont en voie de disparition, 1978 ; Par les villages, 1983) ou Botho Strauss. Au contact de ces textes difficiles s'épure et s'affirme sa manière théâtrale. Les catégories du théâtre traditionnel sont battues en brèche, l'intrigue dramatique n'intéresse pas Régy, qui s'acharne surtout à détourner ses comédiens du principe d'incarnation, reliquat selon lui d'un naturalisme, d'un psychologisme diffus polluant la pratique théâtrale. Ainsi les acteurs de La Chevauchée sur le lac de Constance, davantage voix que personnages, tentent-ils vainement de saisir, au prix d'une longue conversation, la réalité de leur être, ignorant qu'ils sont morts. Les ouvriers de Par les villages sont dotés d'une parole poétique.
Selon Claude Régy, le comédien doit être comme traversé par le texte, et laisser celui-ci irradier. Son passage au Conservatoire national d'art dramatique, au début des années 1980, s'inscrit dans la logique de cette exigence. Quant au metteur en scène, il doit savoir disparaître afin de ne pas figer le sens : « J'essaie de laisser des trous, des failles ; d'approfondir les choses à l'infini, ce qui est la seule façon de ne pas les finir, de les laisser ouvertes. » Le rythme ralenti des séquences, la prééminence donnée à la lumière sur le décor, une impression d'éloignement, apparentent souvent son esthétique à celle du cinéma, par exemple Tarkovski.
Découvreur (de l'auteur britannique Gregory Motton, dont il met en scène Chutes, 1992, et La Terrible Voix de Satan, 1994, et du Norvégien Jon Fosse, dont il monte notamment Quelqu'un va venir, 1999, et Variations sur la mort, 2003), Claude Régy recourt parfois à une matière non théâtrale, comme pour cet Ecclésiaste (1995) tiré de la Bible et auquel il rend sa vocation orale.
Voir ici : Claude Régy, Dans le désordre. Propos provoqués et recueillis par Stéphane Lambert, Actes Sud Théâtre, 2011.
> Présentation de l'éditeur
“Metteur en scène, je n'avais rien pour l'être, aucune préparation, aucun ancêtre, rien, le désert.
Ce désert sans doute a été mon meilleur allié.”
Claude Régy, né en 1923 à Nîmes, après une formation d'acteur auprès de grands maîtres de la scène (Dullin, Balachova, Vitold), s'est consacré à la mise en scène d'auteurs contemporains depuis les années 1950, créant pour la première fois en France certains textes de Pirandello, Kleist, Duras, Pinter, Saunders, Stoppard, Arrabal, Bond, Sarraute, Handke, Botho Strauss, Jon Fosse… ouvrant considérablement le répertoire des œuvres contemporaines. Il a aussi fait découvrir des acteurs, comme Gérard Depardieu en 1971, Martial Di Fonzo Bo, Laurent Cazanave, entre autres. Il laisse résonner ici les échos de ses lectures, de ses rencontres et de ses nombreuses mises en scène.
Je suis ravie de vous informer que mon nouveau site web est maintenant en ligne !
www.regine-detambel.com
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Chaleureusement,
Régine Detambel