Corps écrit

Corps écrit

Imprimer la fiche
Rouget (Gilbert) > La musique et la transe

Présentation

Gilbert Rouget, La musique et la transe, Gallimard, 1990.

> Résumé
Que ce soit en Sibérie ou en Terre de Feu, au Viêt-nam, en Italie ou au Brésil, dans l'Antiquité ou de nos jours, la musique est partout associée à la transe.
Pourquoi ? Serait-elle douée, comme certains le pensent, d'un mystérieux pouvoir, capable à lui seul de jeter les gens dans cet état de folie que les Grecs appelaient mania ? On serait parfois tenté de le croire, mais il n'en est rien. En fait, les relations qu'entretient la musique avec la transe sont des plus variées et parfois des plus contradictoires. S'il arrive souvent qu'elle la déclenche - ou plutôt semble la déclencher -, il est également fréquent qu'elle l'apaise.
Ces contradictions ne se comprennent qu'en situant l'action de la musique - ses " effets " - non seulement dans la dynamique du vécu de la transe, mais encore dans celle du rituel qui en est le lieu. Plusieurs grands types de transe, fondés sur autant d'imaginaires différents, se dessinent peu à peu au cours de l'ouvrage. De son côté, la musique y est considérée tour à tour sous l'aspect de ses instruments, de ses pratiques, de sa symbolique et de ses exécutants.
Ses relations avec la transe apparaissent alors comme régies par autant de logiques différentes qu'il y a de systèmes.

> Mes notes brouillonnes

Pour ce qui est des musiciens, le cas est relativement simple : ils n'entrent en principe pas en transe. Ce serait en effet incompatible avec leur fonction, qui est de fournir des heures durant et plusieurs jours de suite une musique dont l'exécution doit sans cesse s'adapter aux circonstances. Il importe qu'ils soient toujours disponibles et au service du rituel. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il est fréquent que les musiciens ne soient pas eux-mêmes des adeptes. n'ayant jamais été possédés, il n'est pas à craindre qu'ils entrent en transe. paradoxalement donc ces musiciens, qui apparaissent comme les piliers des séances de possession et sans lesquels il n'y aurait pas de danse de possession concevable, sont en quelque sorte extérieurs au culte. ils occupent en tout cas une place à part. comme les officiants et en collaboration avec eux, ils contrôlent la possession des adeptes et contribuent à la susciter, particulièrement celle des néophytes, mais, contrairement aux officiants, ils n'en ont jamais eu l'expérience vécue. il se peut cependant, du moins dans certains cultes, qu'ils soient eux-mêmes des adeptes. en ce cas il leur faut être très aguerris pour pouvoir résister en toutes circonstances à la possession. il arrive d'ailleurs qu'ils n'y résistent pas. Mais il se peut également que, vu du dehors, ils aient toute l'apparence d'être en transe et qu'en fait ils ne le soient pas. parlant d'une manière générale des tambouriers haïtiens, Métraux écrit en effet : "A les voir, les yeux révulsés, la face crispée, à entendre le râle qui s'échappe de leur gorge, on les croirait en transe, mais ce délire apparent n'est pas dû à un dieu. Il est rare en effet qu'ils soient possédés par un loa."
+ p. 241 ≠ Mais le plus important à nos yeux, c'est que dans tous les cas le chamans est le musiquant de sa propre entrée en transe. ce n'est pas en écoutant les autres chanter ou tambouriner pour lui, mais au contraire en chantant et en tambourinant lui-même qu'il entre en transe. = grande différence entre chamanisme et possession.
TARENTULISME Avec soupçon Kafka in Métamorphose et Trapéziste doc in La musique et la transe de Gilbert ROUGET Soupçon : Kafka avait-il entendu parler du tarentulisme ?
On dit qu’à la fin de sa vie, Nabokov avait sacrifié sa bibliothèque et ne désirait plus autour de lui que des dictionnaires.