Propositions d'écriture

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Le Poulpe disséqué

Présentation

Si Gabriel Lecouvreur, le Poulpe, se ressemble plus ou moins dans chacun des volumes de ses hétéroclites aventures, c'est que tous les auteurs s'imprègnent au préalable de la Charte du Poulpe, composée et diffusée par Jean-Bernard Pouy.
A votre tour, composez une fiche de personnage aussi dense, étoffée, aussi tentaculaire en somme que l'exemplaire travail de Pouy.


> LA CHARTE DU POULPE
Gabriel Lecouvreur
35 ans
Né un 22 mars 1960 à Paris 11e.

Brun, cheveux un peu bouclés.
Grand, 1m85, normalement musclé.
Peau blanche (taches de rousseur sur les épaules)
Un petit tatouage (un A entouré d’un cercle, datant de l’armée) sur le biceps gauche.

Un peu lourdaud, grands bras envahissants dont il ne sait, apparemment, que faire, longues jambes un peu gauches (c’est pour cela qu’on le surnomme le Poulpe).
Ne fait pas très attention à sa tenue vestimentaire.
Aime quand même les casquettes.
A son franc-parler (mais il est cultivé, souvenirs de fac).
Adore se déguiser, se grimer, jouer des rôles pour les besoins de son enquête.

Père imprimeur, mère sans profession.
Fils unique (ses parents sont morts dans un accident de voiture quand il avait cinq ans).
Elevé par son oncle paternel et sa tante (Tonton Emile et Tata Marie-Claude, commerçants – ils tenaient une quincaillerie, d’où la bonne connaissance de Gabriel en bricolage divers). Décédés depuis peu, eux aussi (Emile de maladie, les poumons, et Marie-Claude de chagrin), il lui ont laissé un pécule suffisant, par héritage, qui a juste permis à Gabriel de survivre et d’échapper au salariat en ne prenant que des petits boulots.

Etudes assez bordéliques (plusieurs lycées dans les années post-70), mais le Bac en 78, deux années de fac, petits boulots en tous genres, activisme un peu débridé mais jamais démenti et, gaulé sur un coup foireux (attaque d’une librairie d’extrême-droite en 79), envoyé aux armées disciplinaires où il apprend le maniement des armes.

Depuis qu’il a été recueilli par son oncle et sa tante, a vécu longtemps dans le 11e, rue Basfroi. C’est pour cela qu’il fréquente toujours le café-bar « Au Pied de Porc à la Sainte-Scolasse », avenue Ledru-Rollin dans le 11e, tenu par Gérard, un des plus proches amis du Poulpe. Celui-ci est d'autant plus important qu'il constitue souvent le point de départ des aventures du Poulpe. En effet, c'est le cafetier qui lui donne le journal, ou qui commence à évoquer telle ou telle affaire. Il est le détonateur de l'action. Il y a quelque chose d'irrésistible dans leurs conversations, qui provient peut-être du contraste entre la finesse d'analyse de Gabriel et la lourdeur pataude de Gérard. Gérard est un personnage éminemment attachant. On en a la preuve dans Lundi, c'est sodomie, de Romain Goupil, où Maria, sa femme, est atteinte d'un cancer. Lors d'une visite à l'hôpital, on découvre, en demi-teintes, un Gérard beaucoup plus tendre qu'à l'accoutumée, qui, «après un rapide baiser, s'affairait dans la chambre comme un gamin».

Gabriel vit à l’hôtel et en change souvent (établissements modestes).
C’est en effet plus pratique, et il se refuse à laisser des traces trop prégnantes (impôts, EDF, téléphone). La discrétion est de mise dans toutes ses enquêtes. Recherché par la police, ou plutôt surveillé pour ses agissements trop mystérieux pour être honnête, le Poulpe est un personnage étrange qui pique la curiosité des forces de l'ordre.
Gabriel sait se battre, (genre baston de rue) mais, comme disaient les gauchistes de tout poil, l’ennemi court toujours moins vite qu’une balle de revolver. Est plutôt du genre bricolo. A chaque fois, il se démerde.
Gabriel maintient des relations amicales avec un vieil imprimeur catalan rangé des voitures, Pedro (ambiance début de siècle, mi-apache mi-brigadiste), 65 ans, ancien copain de travail de son père, avec qui il s’engueule gravement (généralement pour des questions extra-idéologiques, du genre sportif, érotique ou autre). Ce « vieil anarchiste catalan » possède une imprimerie clandestine sur sa péniche. Habitué à se méfier de la police et de l'Etat (il a « connu les privations et les atrocités des geôles fascistes », il possède toute une panoplie de faux-papiers qui servent régulièrement à Gabriel. De même, il est « depuis toujours fournisseur d'armes pour les bonnes causes et les vrais amis ». Ce personnage, possède lui aussi des caractéristiques très particulières, qui en font un élément important de la fiction : sa vie sur la péniche, son « goût pour le parler codé », son passé de résistant à l'oppression fasciste (il était membre de la colonne Durutti), jusqu'à ses cigarettes Seita, tout concoure, d'une part à entourer ce personnage d'un halo de mystère, et d'autre part à susciter l'intérêt et l'attachement.

Il a une amie, CHERYL (32 ans), de son vrai nom Huguette Morisset (Lundi, c'est sodomie, Romain Goupil), conçue pour contrer «les potiches de la haute». Coiffeuse et propriétaire d’un petit salon rue Popincourt (voir annexe), avec laquelle il noue et maintient des relations sexuelles et amicales, chacun restant sur la défensive. Il faut bien reconnaître que les relations du Poulpe et de sa Cheryl nous laissent quelque peu perplexes. « Il devait bien reconnaître que Cheryl était la femme de sa vie puisque c'était toujours vers elle qu'il revenait inlassablement, à l'image d'une bouteille qui s'amuse à l'envi avec des vagues de rencontre mais revient toujours sur la plage malgré le ressac », Lapin dixit, Serge Meynard. Il la connaît depuis l’école de la rue St-Bernard, et peut compter sur elle en cas de coups durs (blessures ou repos du guerrier - voir annexe, son appartement).
Cheryl est blonde, tirée à quatre épingles, un corps formidable et peut avoir, en certaines occasions, un langage de charretier : « La seule femme de sa galaxie capable de rester chic en tchatchant vulgaire ». Mais se pique de distinction et d’élégance. Connaît tous les potins du quartier. Intelligente, et suffisamment cultivée pour épater Gabriel de temps en temps. Nantie d'un certain franc-parler qui la rend invariablement de bon conseil, elle n'a rien d'une potiche qui attend son aventurier en tremblant. Cheryl, contrairement à tous les autres personnages de la série, elle est la seule à demeurer en relation avec Gabriel pendant le déroulement de l'aventure.
Ses valeurs sont, sans grande surprise, rabelaisiennes en diable: « Le retour aux vraies, celles de la nature, ça finissait par tourner famille-patrie, tu baiseras seulement pour enfanter dans la douleur... au secours ! La santé comme au temps d'Adam et Eve, pas fumer, pas boire, manger sain, sans toxines, ni pesticides, loin des gaz d'échappement pour obtenir l'immortalité d'un dieu qui comptait conservateurs et colorants comme autant de péchés !
Merci ! Ca donnait envie à Cheryl de baffrer des frites. Pécher est un acte naturel et les intégristes ne savent pas ce qu'ils perdent : beaucoup de péchés méritent vraiment d'être vécus ! », Lavande tuera, Chantal Pelletier. Mais un doute persiste : est-ce une vraie blonde ? Quand Sylvie Granotier (Comme un coq en plâtre) relate que le Poulpe « la détaillait des orteils pleins de terre à la racine noire de ses cheveux platine", est-ce pour brouiller les pistes ou nous dévoiler l'effroyable vérité ?
Enfin, comme Gabriel, Cheryl aime se déguiser et changer d’identité (Marie Popincourt, Elsa Lecouvreur …).
Gabriel a un ennemi récurrent (mais accessoire), Jacques VERGEAT (59 ans), fonctionnaire aux RG au bord de la retraite, qui le piste à la trace et ne le rattrape jamais. Chauve, solitaire, maniaque vestimentaire, amateur de bon vin, pervers et opiniâtre. Ce personnage peut ne pas être important, mais si la LOI apparaît, ça se fera à travers lui, qui est le seul à instruire la vraie « croisade » de Gabriel.
Mais, répétons-le, c’est accessoire.

Gabriel a une seule passion, son avion, qu’il a racheté à la casse et qu’il a remonté dans un hangar de l’Aérodrome de Moiselles (Val d’Oise). Il n’a pas son permis de pilote, mais pense toujours le passer. Néanmoins, il pilote quand même.
Ce zinc est un Polikarpov (avion russe servant aux républicains de la guerre d’Espagne, c'est dire s'il est un symbole antifasciste !), que le Poulpe tente, tant bien que mal, de réparer entre chaque aventure. N'étant logiquement pas rémunéré, le peu d’argent (ou quelques biens) qu’il réussira, dans chaque nouvel épisode, à taxer, lui servira bien sûr à continuer à vivre tranquille, mais essentiellement à faire refaire des pièces compliquées ou introuvables pour son avion (on peut prévoir une scène, quasi finale, avec discussions avec le mécano en chef local, Raymond (55 ans), bourru, jamais d’accord, n’aimant que le matériel moderne, et ayant une fâcheuse tendance à se moquer de Gabriel le « rampant »). Le Polikarpov I-16 de Gabriel ne vole pas (volera-t-il un jour ?) : « C'était le jeu de Meccano le plus absurde du monde et il coûtait une fortune. Mais le petit zinc hurleur en tôle et bois, pansu comme une douille de mitrailleuse, finirait un jour par le lancer en l'air. », Je repars à zorro, Alain Puiseux. L’envol n’a de toute façon pas l’air d’être imminent, vu qu’en plus des problèmes de pièces, une partie du toit du hangar de Moiselles s’est un jour effondré sur la carlingue, ce qui a empêché le Poulpe de partir en vacances avec sa Cheryl (Lavande tuera, Chantal Pelletier). « S'il quitte le sol un jour, ce fer à repasser, j'me fais moine ! Faut tout refaire là-dessus... », Tropique du grand cerf, Guillaume Chérel.

Tous les personnages cités ci-dessus sont nantis d'une importante épaisseur psychologique. Simple connaissance ou relation proche, tous contribuent à tisser un monde cohérent et complet.

Gabriel (ou, c’est possible, un autre personnage de rencontre, mais à condition qu’il le fasse plusieurs fois) devra citer (sinon abondamment du moins suffisamment) un livre culte (réel ou inventé). « C'est simple, j'ai lu ça dans un polar. A l'époque, j'avais le temps de lire [au lycée]. J'achetais des livres quand je prenais le train. Maintenant, je me déplace en bagnole, alors je ne lis plus. En général, aussitôt lu, aussitôt oublié.» Voilà ce que Gabriel déclare quand il est prêt à s'embarquer pour le Chili (Chili incarné, par Gérard Delteil). Et pourtant, il lit tout le temps... Jusqu’à présent, plus de soixante bouquins ont été cités dans les épisodes du Poulpe.
Petit, il lisait déjà : Pif Gadget, Le Grêlé Sept-treize, Teddy Ted, Rahan, Docteur Justice, Corto Maltese…
« Je ne me déplace jamais sans un bon bouquin. J'en ai besoin pour décoller de la vie mais aussi pour mieux la comprendre », disait-il dans Dakar en barre, de Lucio Mad.

Gabriel est grand amateur de bière (il est anti-vin), on pourra en profiter pour venter certaines bières locales ou inconnues. La bière chez Gabriel, c'est tout un poème. Pas besoin d'essayer de lui faire boire du jaja, de la vinasse ou du gros rouge qui tache. Pour lui, la bière est l'amie de tous les instants.
« Il éclusait comme un navire qui prend la flotte par bâbord, bien qu'il n'y ait pas, pour son malheur, d'océans de bière », Au nom du piètre qui a l'essieu, Jean-Jacques Busino.
Alors chez les auteurs du Poulpe, c'est un peu la guerre de la roteuse, à qui affublera Gabriel des connaissances les plus érudites : pas moins de 150 marques et sous-marques de bières ont été citées jusqu’à maintenant !