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Uexküll (Jakob von) > Milieu animal et milieu humain

Présentation

Jakob von Uexküll, Milieu animal et milieu humain, Rivages, 2010. 

> Résumé
Jakob von Uexküll est un biologiste allemand de racines estoniennes qui a été professeur de biologie à l’Université de Berlin après la Première Guerre mondiale qui avait ruiné sa famille. Von Uexküll a fait de nombreux travaux remarquables, mais il est surtout connu aujourd’hui pour sa théorie de l’Umwelt. Ce dernier terme qui veut dire environnement en allemand veut aussi dire bien autre chose sous la plume de von Uexküll puisqu’il s’agit surtout du rapport à l’environnement qui est en jeu pour lui. Le biologiste allemand considère en effet que chaque animal y a accès par l’intermédiaire de ses sens physiologiques et que ceux-ci étant différents d’une espèce à une autre, des animaux d’espèces multiples peuvent à la fois habiter un environnement différent et similaire. Ce faisant, von Uexküll introduit une notion de signification dans une biologie foncièrement mécaniste et en transforme substantiellement la pratique et la porté.
En France, en particulier, von Uexküll a été lu par des philosophes comme Gilles Deleuze qui en ont fait grand cas mais qui l’ont pratiqué dans une traduction qui date pour le moins. Une nouvelle traduction n’était donc pas du luxe. Aujourd’hui, un courant encore minoritaire mais chaque jour plus puissant, la biosémiotique, a repris les idées de von Uexküll et les retravaille d’une façon extrêmement intéressante et inventive dans des universités comme celles de Tartu, de Copenhague ou de Prague. Mine de rien, c’est toute la question des relations homme/animal qui peut être reposée à nouveaux frais.
Naturaliste et biologiste allemand, Jakob von Uexkiill (1864-1944) doit sa renommée à l'Institut d'étude du milieu et de l'environnement, qu'il fonda à Hambourg en 1925. 


Mondes animaux et monde humain (1934) => concept d'Umwelt : ce monde environnant est en même temps un monde propre à chaque espèce. Les animaux dits supérieurs sont dotés d'un organisme qui leur offre la possibilité d'intérioriser leur monde extérieur (Gegenwelt, « monde opposé » ou « monde réplique »). Ce monde intériorisé comprend à son tour un Merkwelt (« monde de la perception », ou encore « monde caractéristique ») et un Wirkwelt (« monde de l'action », ou « monde agi »). Chaque Umwelt possède une temporalité propre, un Merkzeit ≠ le monde des animaux inférieurs, comme l'oursin, a pour caractéristique de ne laisser entrer en lui que les éléments vitaux. Ces animaux forment avec leur monde une cohésion telle que l'on peut parler d'ensemble fermé. La structure de monde propre aux animaux dits supérieurs indique un degré de perception élaboré et un entourage riche d'objets autres que ceux nécessaires aux échanges biologiques : l'air n'est pas seulement pour eux l'élément qui permet de respirer, l'eau de se désaltérer, la chaleur du soleil de synthétiser la vitamine D... D'autres types de relations (de jeu, de plaisir) existent avec ces éléments, et il semble bien que pour l'animal aussi il y ait des paysages et non un simple environnement constitué d'objets seulement utiles à la survie. Il existe, pour les animaux aussi, des choses désirables et qui ne servent à rien.
Élève de Jakob von Uexküll, Frederik Buytendijk choisit la démarche phénoménologique pour étudier les relations que l'animal entretient avec ce qui l'entoure. On ne peut parler d'habitat animal sans faire intervenir une Stimmung (« disposition affective »), un sentiment de sécurité par exemple. Cette notion désigne « l'état affectif général dans lequel nous nous trouvons dans notre monde » (L'Homme et l'animal. Essai de psychologie comparée, 1958, trad. franç. 1965).