Un peu de théorie

Un peu de théorie

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Consoler les femmelettes

Présentation

Ses détracteurs disent que l’atelier est une secte écrivante, cabalante, intrigante et pratiquante mais qui ne croit pas. Ils le voient comme un blagueur à moitié chauve qui porte au cou une longue chaîne en or où balancent gaiement une croix et une relique.
Ses détracteurs disent que l’atelier se rassure en s’embrassant, en s’accolant, en se donnant des tapes et des baisers, en se rappelant le plus souvent possible et à grand bruit tout un tas d’aventure sinon vécues du moins écrites ensemble.
Ses détracteurs disent que l’atelier écrit frauduleusement, qu’il fait des efforts pour apprendre et pour bien travailler alors qu’il ne sait pas brancher un fil.
Ses détracteurs disent que l’atelier avale l’ostie sans perdre le temps qu’il faut pour mâcher.
Ses détracteurs disent que la table sur laquelle il écrit masque à l’atelier la terre, la mer et tout le reste.
Ses détracteurs font remarquer qu’une vie d’écrivain est déjà suffisamment décevante, alors qu’on y consacre toutes ses forces, pour ne pas rire de ces écrivaillons borgnes qui ensemencent inutilement des champs où mûriront tant d’autres fruits que ceux qu’ils auront cru planter.
Ses détracteurs disent que l’atelier est là pour rassurer tous les écrivains sans courage. Qu’il sert à consoler les femmelettes hystériques qui ont peur de l’orgasme d’écriture. On ne peut pas se perdre dans un atelier, disent-ils, puisque, toutes les trois heures, la marée se renverse pour vous ramener.
Les détracteurs de l’atelier aiment rappeler que Louis Aragon clamait : « Je n’ai jamais appris à écrire » tandis que Gustave Flaubert avait déjà tranché : « Un bon vers n’a pas d’école. »
Tout de même, ses détracteurs reconnaissent que l’atelier a découvert une chose prodigieuse, une chose merveilleuse qui peut lui ouvrir toutes les portes : il est pratiquant, s’il ne croit en rien, il est pratiquant avec dévotion, au point d’avoir eu le courage de changer de tête et même d’existence.