Un peu de théorie

Un peu de théorie

Imprimer la fiche
Désinvolture

Présentation

Quand l’atelier me demande la qualité la plus importante pour écrire, je suppose la désinvolture. Surtout ne pas confondre, dans la même désapprobation, désinvolte et sans-gêne, désinvolte et sans-façon, effronté ou impertinent. La désinvolture est d’une autre trempe. Elle est l’innocence de la force. Dans son Traité de la chance, Roger Bacon, en donnait cette définition : « Les avantages extérieurs et évidents attirent la louange. Les vertus secrètes et cachées, par contre, c’est-à-dire certains traits de caractère pour lesquels il n’est pas de nom, font surgir la chance. Le mot espagnol desenvoltura les exprime assez bien, si l’on parle d’un homme dont le caractère n’est point consistant, ni assis, mais dont l’esprit cependant fait mouvoir ses rouages de pair avec ceux de la chance. »
La désinvolture serait un don. L’écriture a aussi à voir avec la chance. Elle ne dépend pas seulement de la volonté. Sur la table d’un festin une pomme d’or est exposée que personne n’ose toucher. Un enfant alors entre dans la salle et d’un geste libre saisit la pomme. La désinvolture est cette grâce irrésistible de la force et cette forme particulière de l’allégresse. Écrire est sûrement quelque chose comme saisir cette pomme.