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Canguilhem (Georges) > Le normal et le pathologique (1943)

Présentation

Georges Canguilhem, Le normal et le pathologique, PUF, 2009.

Présentation de l'éditeur
Cet ouvrage est la thèse de doctorat en médecine présentée en 1943 par Georges Canguilhem, augmentée, lors de sa réédition vingt ans plus tard, de réflexions philosophiques sur la signification du terme « normal » en médecine. La thèse débute par une étude historique sur l'identité des phénomènes normaux et pathologiques, dogme de la pensée médicale au XIXe siècle. La seconde partie est une étude systématique, sous la forme d'une analyse critique, des concepts de normal et de pathologique.

Mes notes chaotiques, d'une lecture subjective et fébrile
Thèse "Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique". Travail de réflexion enrichi par connaissance du vivant & formation médicale. Canguilhem : la vie est une activité dynamique de débat avec le milieu, à la fois activité polarisée & activité normative. Les 2 pôles de ce dynamisme vital = maladie & santé. Maladie = "effort de la nature en l’homme pour obtenir un nouvel équilibre", Canguilhem s’oppose au dogme de Auguste Comte & Claude Bernard, selon lequel il "existe une identité réelle des phénomènes vitaux normaux et pathologiques". Récuse postulat d’Auguste Comte selon lequel le pathologique n’est qu’une forme du normal, une variante quantitative du normal, mesurable en degrés, par rapport à lui. Va aussi à l’encontre de la thèse de Claude Bernard selon laquelle il existe une continuité réelle entre les phénomènes physiologiques et les phénomènes pathologiques correspondants. Pour Canguilhem, la maladie = une "autre allure de la vie", qui implique l’ensemble de l’organisme au sein duquel, "toutes les fonctions sont interdépendantes et tous leurs rythmes sont accordés". L’état de maladie impose à l’homme de vivre une "autre vie, même au sens biologique de ce mot" et à l’organisme de modifier ses allures antérieures. En accord avec conceptions du médecin René Leriche (1879-1955), il affirme que la maladie est un phénomène qualitatif anormal ; l’état de santé tient le sujet dans l’inconscience de son corps : la santé, c’est "l’innocence organique " ; la définition de la maladie par la conscience est celle qu’en donne le malade, et non celle du médecin. C’est lui qui ne se sent pas normal, c’est à dire non identique à son passé ; la physiologie n’est pas la "science des lois ou des constantes de la vie normale", mais "la science des fonctions et des allures stabilisées de la vie". C’est à partir de la clinique, des problèmes que les malades ont posé par leur maladie que s’est développée cette science : la physiologie procède de la clinique et non l’inverse. Distingue l’anomalie de la pathologie & définit normalité & normativité biologique. La vie, envisagée dans une perspective dynamique, réagit aux conditions du milieu. La vie est "une activité normative". Cette activité normative est en germe dans tout vivant = normativité biologique instituant ses propres normes en fonction du milieu : "le vivant et le milieu ne peuvent être dits normaux s’ils sont pris séparément". C’est leur relation qui les rend normaux. "Un vivant est normal dans un milieu donné pour autant qu’il est la solution morphologique et fonctionnelle trouvée par la vie pour répondre à toutes les exigences de ce milieu". "L’homme normal, c’est l’homme normatif, l’être capable d’instituer de nouvelles normes, même organiques", en fonction du milieu et des conditions d’existence => le pathologique = "un autre normal". Le pathologique est le contraire vital de sain mais non le contradictoire logique de normal. Anomalie = fait biologique insolite, sans rapport avec une anormalité, variation individuelle, irrégularité constitutionnelle, congénitale, terme descriptif et non terme appréciatif ou normatif. Si elle a des incidences sur l’activité de l’individu et si elle le conduit à se considérer dévalorisé à cause d’elle, alors l’anomalie est une infirmité. Si elle est liée à un pathos ("sentiment direct et concret de souffrance, un sentiment d’impuissance et de vie contrariée"), alors l’anomalie est une pathologie. L’anomalie peut verser dans la maladie mais n’est pas à elle seule une maladie. La maladie est un état qui exige du sujet vivant une lutte pour continuer à vivre. Elle réduit la marge de tolérance des variations du milieu, insupportables pour sujet malade. "La gravité de la maladie se mesure selon l’importance de cette réduction des possibilités d’adaptation et d’innovation de l’organisme" : "le malade est normalisé dans des conditions d’existence définies et sa capacité normative est amoindrie". Guérison = "reconquête d’un état de stabilité des normes physiologiques". Cependant, "aucune guérison n’est un retour à l’innocence physiologique car il y a irréversibilité de la normativité biologique" => "guérir c’est se donner de nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes", mais jamais identiques. Définition santé = "possibilité de dépasser la norme habituelle" mais aussi de surmonter crises & "tolérer des infractions à la norme habituelle", possibilité d’"instituer de nouvelles normes en réponse à des situations nouvelles". Santé = "pouvoir tomber malade et s’en relever ; c’est un luxe biologique", une capacité d’adaptation. L’expérience du vivant inclut la maladie : "une santé parfaite continuelle = anormal". Erreurs de la vie : la "monstruosité est la menace accidentelle et continuelle d’inachèvement dans la formation de la forme". C’est la monstruosité, et non la mort, qui est la "contre-valeur vitale". Foucault : "la vie - de là son caractère radical", c’est ce qui est capable d’erreur". "L’expérience du vivant inclut en fait la maladie", mettre en question la notion de santé parfaite. Santé = "un nouveau produit marchand", s’interroger sur limites normativité biologique. Jusqu’où le vivant sain peut-il s’adapter aux infidélités de son milieu ? Jusqu’où altérer notre milieu naturel ?