À lisotter

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Un poète épithélial : Bernard Noël
Régine Detambel
Un poète épithélial : Bernard Noël
Lire du bout des doigts

Date : 2007
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J’ai souhaité faire ici, à Bernard Noël, la réputation d’être un grand rêveur du corps interne. Il n’a au fond jamais cessé de rapporter la parole à un corps et d’y faire sentir un symptôme de ces désordres muets, touffus, que recèle l’envers sauvage, sans yeux, peut-être sans langage, de notre être du dedans, qui évide tous les regards. Au contraire c’est la confusion, la douceur d’une évanescence des limites, un épithélium au feuilletage infini, qui ordonnent la relation de l’interne et de l’externe. Pas de crevures, de déchirures, désormais plus de coupures, pas d’agressives transgressions du dedans. Noël y substitue les formes poreuses et glissées d’un transfert sans heurts. Abandonné, le corps de la science disséqueuse, enregistreuse et mesureuse. La « peauésie » est sensible et agile… L’écrivain n’habite plus une profondeur cachée, mais le carrefour complexe des informations. Rien ne vient de l’intérieur. La coquille s’est vidée.
Avec Noël, nous dressons face au monde le drapeau d’intelligence et la toque de finesse qui nous servent de peau. Nous lisons du bout des doigts, du plat de la main (s’évapore le discours / reste l’espace), nous empaumons les histoires et les théories, nous massons les longues séquences, effleurons des styles (la fente/entre le mot/et le mot), et même les romans s’achèvent dans une caresse du tranchant.

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