Corps écrit

Hermann Hesse, Le curiste, Petite bibliothèque européenne du XXe siècle, Calmann-Lévy, 1996.

> Présentation
Y'a-t-il un meilleur observatoire de la nature humaine que la promiscuité d'une cure à Baden-Baden ? Hesse y observe avec tendresse et philosophie la succession de scènes étranges et amusantes, de tableaux tour à tour comiques et tragiques. Ce regard d'entomologiste confère à la peinture du microcosme balnéaire une dimension universelle. Mais le récit de cette cure est en même temps un admirable portrait d'époque, comme le soulignait Thomas Mann : " Dans cette génération littéraire qui a débuté avec moi, Hesse est celui qui m'est le plus proche et le plus cher. Il y a des écrits de lui et notamment Le curiste, que je lis et ressent comme 'faisant partie de moi-même' ".

> Extrait
"Ils souffraient manifestement eux aussi du dos. Je les reconnus à leur manière de rentrer anxieusement le postérieur, à leur manque d’assurance et aux mimiques un peu désemparées et pleurnichardes qui accompagnaient chacun de leurs mouvements prudents. Tout cela était caractéristique. Certes ils avaient chacun une allure spécifique, et leurs symptômes étaient différents les uns des autres. Chacun d’entre eux avait par exemple une manière particulière de marcher, d’hésiter, de se déplacer comme sur des échasses ou de boiter. Chacun avait aussi des mimiques personnelles. Cependant une impression générale dominait, et je les reconnus tous au premier coup d’oeil. Les fatigués souffraient de rhumatismes, et en cela ils étaient mes frères, mes compagnons d’infortune."