Adolescence

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Le rêve de Tanger
Régine Detambel
Le rêve de Tanger
Editions Thierry Magnier
+ Pocket Jeunesse

Date de parution : 1998
Epuisé €
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Présentation

Quatrième de couverture
Elle a douze ans, un cœur grand comme ça et une mère dure, instable et raciste. Rejoindre Malik, c'est son seul espoir. Il la surnommait "mon soleil", lui offrait ses rêves et les couleurs du Maroc. Mais il est rentré à Tanger, de l'autre côté de la mer. Alors, de tentative ratée en fugue avortée, elle va préparer son départ, un aller simple vers Malik et la liberté.
"A Marseille, tout le monde connaît Tanger, tout le monde sait comment on quitte sa maison et sa famille. Mais je ne pars pas pour toujours, je ne partirai pas longtemps, seulement le temps de croire en mon bonheur. Je retrouverai facilement Malik, j'en suis sûre. Et puis nous passerons quinze jours ensemble, le temps des vacances de Pâques. Ensuite, je rentrerai à la maison. Mais j'aurai dans tête plus que ne peuvent contenir les bagages les plus volumineux des touristes. J'aurai dans la tête de l'amour et de la joie, des couleurs, des parfums, des tissus, des promesses, des gâteaux, des baisers, bref, tout ce je n'ai pas ici, chez mes parents, et qui fait que je pars aujourd'hui."

On peut accéder ici à la version intégrale de ce roman pour la jeunesse, aujourd'hui épuisé, y compris dans sa version de poche (Pocket Jeunesse, 2004).
Mais on trouvera fort avantageusement dans La verrière la trame originale, violente et non édulcorée, de ce Rêve de Tanger.
 
Extrait
"La file d’attente est interrompue par deux garçons en skate. Ils sont libres, ils sourient tous les deux, à personne en particulier. J’ai envie de les prendre pour moi, ces sourires, comme des encouragements à partir. Je recompte l’argent que je possède, je suis une veinarde. En ajoutant à mes économies le billet de cinquante euros que j’avais ramassé dans la rue qui monte vers le collège, et tout l’argent que m’ont donné les parents de Dorothée et qui doit représenter une fortune suffisante pour s’acheter une guitare électrique, je me sens vraiment riche. Cette fois, dans mon sac kaki, j’ai de quoi faire un vrai repas, des choses solides, du pain, des abricots, du chocolat aux noisettes.
Devant moi, dans la file d’attente, il y a une vieille dame aux cheveux teints. Ils ont des reflets bleus. J’ai envie de rire puis je pense à la mer. La couleur de la mer, je ne l’ai pas vue souvent. Pour quelqu’un qui habite Montpellier, c’est drôle. Mais mes parents n’aiment pas voyager. Et puis la voiture n’est pas fiable. Elle est tout juste bonne à emmener papa au travail. Pour les voyages, ce n’est pas le bon modèle.
La vieille dame aux cheveux bleus a pris un billet pour Paris. Un aller simple. Elle était en vacances à Montpellier, sûrement. Elle est venue pour voir ses petits-enfants. Peut-être.
— Montpellier-Marseille, s’il vous plaît. Un aller-retour.
C’est moi qui ai parlé. Je n’ai encore jamais pris le train toute seule. Avec ma grand-mère, quelquefois, pour aller à Carpentras et à Arles. Elle aimait qu’on visite les ruines romaines.
— Aller-retour ?
— Oui, oui.
Je souris, je suis très sûre de moi. Et puis j’ai ma carte d’identité, avec une photo où je suis hilare. C’est drôle, il y a des choses qui ne se devinent pas. Par exemple, cette photo, j’étais avec Malik quand elle a été prise. Je m’étais assise sur le tabouret du Photomaton, et cela se passait ici, dans la gare de Montpellier. Nous étions seulement venus pour mes photos d’identité. Malik agitait le rideau et me faisait rire avec des grimaces. Il disait : "C’est toujours moche une photo d’identité, alors essaie de sourire sincèrement. Et si tu y crois vraiment, à ton bonheur, alors tous ceux qui regarderont ta photo se perdront dans ton sourire et ils détesteront leur vie, ils voudront vivre ta vie pour être heureux comme toi."
J’ai fait comme a dit Malik. D’ailleurs, avec lui à mes côtés, ce n’était pas difficile de croire à mon bonheur. Je n’avais rien à inventer puisque j’étais réellement heureuse."