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Hesse (Hermann) > Eloge de la vieillesse
Hesse (Hermann) > Eloge de la vieillesse
Nous sommes tantôt vieux, tantôt jeunes

Présentation

Hermann Hesse, Eloge de la vieillesse, traduit de l'allemand par Alexandra Cade, Calmann-Lévy, 2000.

> Présentation
Voici, réunis pour la première fois en un volume, les plus beaux textes des dernières années de Hermann Hesse. Son oeuvre d'écrivain accomplie, il se consacre désormais à l'ultime défi de sa longue vie d'écrivain : accepter avec grâce la vieillesse et l'approche de la mort. Souvenirs intimes, esquisses croquées sur le vif, petits poèmes en prose et en vers, portraits (tel celui d'une vieille paysanne avec laquelle il aime bavarder), aphorismes, courts traités philosophiques, chaque page de ce recueil est à la fois grave et radieuse : « La vallée s'éveille, frissonnante dans le vent du matin, / Un petit bruit sec, les châtaignes tombent à terre, / S'ouvrent avec un sourire dur et lumineux. Je ris aussi. »

> Mes notes
La vieillesse ne se regarde pas depuis des orbites d’homme jeune : « Nous autres qui portons des cheveux blancs, nous puisons force, patience et joie à des sources qu’ignore la jeunesse. » En vérité, dit Hermann Hesse, « il n’y a de jeunes et de vieux que parmi des hommes moyens. Les êtres qui possèdent des dons et se différencient des autres sont tantôt vieux, tantôt jeunes, comme ils sont tantôt joyeux, tantôt tristes. »
La vieillesse n’empêche pas que l’existence s’agrandisse, multiplie chaque année le réseau infini de ses connexions, de ses entrelacements. L’éveillé ne s’efforce pas de retenir le passé ou de le reproduire. Il faut être capable de se métamorphoser, de vivre la nouveauté en y mettant toutes nos forces. Le sentiment de tristesse qui naît de l’attachement à ce qui est perdu n’est pas bon et ne correspond pas au véritable sens de la vie. »

Étapes d’une vie
est le titre d’un poème qui voudrait dénuder cette aptitude. Par lui, Hesse voudrait nous enseigner la nécessité de la souplesse :

À chaque appel de la vie,
Le cœur doit savoir dire adieu et tout recommencer
Pour constituer des liens nouveaux, différents,
S’y engager avec bravoure et sans regret.
Chaque début recèle une magie cachée
Qui vient nous protéger, nous aide à vivre après.

Les espaces successifs doivent se franchir gaiement
Ne pas être chéris comme autant de patries,
L’esprit du monde ne nous enferme ni ne nous lie,
À chaque étape il nous libère, nous fait plus grands.

Dès que nous pénétrons une sphère de l’existence,
Que nous y sommes chez nous, nous risquons l’apathie ;
Seul l’homme qui ne craint ni départ ni distance
Échappe à l’habitude qui l’engourdit…

Pour en savoir plus sur l'importance des écrits de Hermann Hesse dans ma recherche sur les vieillesses, Voir Le Syndrome de Diogène (Actes Sud, 2008)