Billets du lever

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J’écris comme les flamants roses cessent de se battre

Présentation

J’écris sans arrêt, je ne saurais pas dire pourquoi. J’ai vu, un jour, sur l’étang, deux flamants roses qui se battaient pour un bout de lagune. Le ton monta, coups de bec. Quelque chose en moi prenait les paris. Et soudain, inexplicablement, les deux machos cessent le combat et, contre toute attente, se mettent à récolter de petites branches et des algues sèches puis, se tournant le dos, chacun reprend la construction de son nid où il l’avait abandonnée. Je ne peux expliquer cette bizarrerie. On aurait dit que, ne sachant pas s’ils devaient attaquer ou fuir, chacun des deux oiseaux avait pris une décision médiane, indifférente, neutre. Toute l’énergie qui s’était accumulée dans leurs muscles, dans leurs cris, dans leurs plumes ébouriffées, s’est libérée alors dans cette voie de moindre résistance. Et, chacun de leur côté, ils ont bâti plus que jamais.
J’écris comme les flamants roses cessent de se battre. Pour les mêmes raisons inconnues. D’ailleurs, avec l’âge, tu n’as même plus besoin de fuir un vrai combat pour avoir envie de commencer un livre. Tu exploses même si personne ne te cherche de noises. Pour un grain de poussière en suspension, tu pètes les plombs. Tu détones à vide, à blanc, pour le plaisir de te ruer tout à coup vers le nid à poursuivre.


9 février 2012