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Fonagy (Ivan) > La vive voix, essai de psycho-phonétique
Une théorie "bioénergétique" de la voix

Présentation

Ivan Fónagy, La vive voix, essai de psycho-phonétique. Préface de Roman Jakobson, Payot, 1991.

> Présentation
Qu'est-ce qui fait vivre la vive voix et la distingue des autres systèmes de communication ? Qu'est-ce qui fonde la spécificité de la communication vocale, ce moment particulier où la langue se réalise en se dépassant, en allant bien au-delà du message que contiennent les mots ?
Ivan Fónagy, qui poursuit depuis de nombreuses années des recherches dans le domaine peu fréquenté de la psycho-phonétique, approche ici ce problème sous les angles les plus variés : quotidien, artistique, psychopathologique et ontogénétique.
Les bases pulsionnelles de l'articulation, de la prosodie, du style vocal, sont analysées à l'aide de la science phonétique et de la théorie psychanalytique, le style vocal étant interprété comme une communication préverbale, intégrée au message linguistique à l'aide d'un système d'encodage double.
Ces études nous proposent un regard neuf sur l'acte de parole, un point de vue que la linguistique a tendance à négliger : la jonction entre la communication et la pulsion.

> La théorie de FONAGY

Psychanalyste + techniques de laboratoire de la linguistique classique et propose une théorie "bioénergétique" de la voix ; sa recherche l’amène à créer une caractérologie des voix, basée exclusivement sur l’observation des mouvements articulatoires et glottiques des individus, la glotte étant pour lui le lieu d’une miniaturisation de tous les mouvements corporels qu’un individu peut produire ou esquisser. Son ouvrage La vive voix, essai de psycho-phonétique : chaque geste vocal posé par une personne lorsqu’elle parle, est d’un côté métaphore d’une réalité pulsionnelle inhérente à cette personne, c’est le versant psychologique de sa psychophonétique, et de l’autre, que ce même geste vocal est produit par une personne située dans un contexte historique et culturel donné qui va marquer son mode de prononciation d’une langue. C’est le versant phonétique de ce geste. Il indique par ailleurs qu’à l’inverse, une langue est investie par des personnes et donc réalité vivante et en changement contrairement à ce que tente à montrer les linguistes classiques. Fonagy s’inscrit dans la lignée de Jakobson, reprend les caractéristiques du code linguistique qu’il retient comme message primaire, mais postule donc la présence synchrone d’un code paralinguistique, lieu d’un message secondaire, d’ordre émotionnel, considéré la plupart du temps comme "code naturel " prélinguistique inintéressant à étudier pour les linguistes classiques. Approches expérimentales des sciences humaines. Comédiens chargés d’exprimer des émotions particulières, ou de lire des textes littéraires ou phrases proposés dans une langue ou une autre. Parmi les procédés, des procédés radiologiques permettent de rendre visibles les mouvements glottiques, invisibles et cachés à l’oeil de l’expérimentateur et lui permettent de déceler les modes articulatoires et musculaires en jeu dans l’expression d’une émotion ; ou la mise en situation de sujets-auditeurs devant apporter leur interprétation à l’écoute de textes tantôt lus par deux artistes (présents ou enregistrés suivant les cas, tantôt déformés, ou filtrés, ramenés à la mélodie uniquement (le texte/message primaire étant alors gommé) ; tantôt sous forme de phrases de même portée significative exprimées dans des langues différentes = énorme travail expérimental qui enrichit la connaissance "rationnelle" de la "vive voix" et tend à prouver en marge de la linguistique classique, que le geste vocal, notion qui intègre l’idée de la libération d’énergies expressives inhérentes au geste articulatoire nécessaire à la parole, peut être considéré en lui-même, d’autant plus qu’il s’enchevêtre au verbe dans la parole, et se "greffe sur la communication verbale", "sans détruire, sans gêner d’aucune façon la communication."