Un peu de théorie

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Jacques Vaché et son pohète

Présentation

Pour cracher sur la grandiloquence du prophète qu’il allait s’agir de découronner et de jeter à bas de son piédestal, Jacques Vaché orthographie « Pohète ». A l’aube du XXe siècle, la Muse semble destituée mais, contre toute attente, Breton va la recouronner pour une renaissance acceptée et consacrée de la Muse comme « grande inconscience » inspirante. Désormais, de nuit comme de jour, seule l’inspiration commande.
Cette fois, la Muse ne sévit plus sur les cimes du Parnasse, mais au cœur d’un certain hasard. Écrivons sans sujet préconçu, sans contrôle logique, esthétique ou moral, laissons s'extérioriser ce qui, en nous, tend à devenir langage, et s'en trouve empêché par notre censure consciente. Telle est l'écriture automatique par laquelle le surréalisme prétend libérer et manifester le discours caché qui nous habite et nous constitue. De la mise en jeu d’une Muse de hasard, on attend la révélation, ou l'illumination. Il faut pouvoir conférer un sens à n'importe quel rapprochement. Le point de départ est donc objectif et arbitraire : découpages, collages. On revient au temps de l’objectivité, quand le dieu soufflait dans le tuyau sonore qu’était la Pythie. On tue le démon personnel, cher à la Renaissance. En procès de la personnalité, le surréalisme déclare que l'art a véritablement cessé d'être individuel. Pour l’accueillir, il faut impérativement ne plus être soi. L’inspiration veut des multiplicités. La boire directement au goulot, à sa source, c'est-à-dire au flux de l’être, cela suppose d’avoir abdiqué toute identité, dissout le moi, perdu le nom propre. Cesser d’être emprisonné, ne plus consentir à l’enfermement dans les limites de l’individu ou de la personne. Les prêtresses de Delphes n’avaient pas de nom.