Propositions d'écriture

Propositions d'écriture

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Une phrase rythmée par la marche

Présentation

Blutage
On sépare la farine du son

Quand je gigote en parlant, c’est le corporage de la phrase. Quand je parle en gesticulant, mes mains deviennent souples et modelantes, c’est le manuélage de la phrase. Quand j’écris en m’accompagnant de mouvements vifs du visage et de la gorge, de mouvements laryngé-buccaux et d’émission de voix, c’est le gueulage de la phrase.

Un écrivain trop assis respecte dangereusement la loi de l’économie de l’énergie : au lieu de corporaliser, il dactylographie ou, au mieux, il buccalise.
Levons-nous !
Essayons d’écrire en marchant.

L’homme est un être bilatéral. Il faut écrire une phrase que le corps a balancée. Ne pas faire fonctionner seulement le stylo. De bons orateurs marquent leurs phrases de leurs muscles et pas seulement de leur plume. Les plus belles des phrases sont celles qui répondent le mieux à la densité du réel, sont celles qui se balancent sous des formes d’équilibre bien frappé. Grands balancements de la spontanéité retrouvée.
Le prof, quand il est saisi par la pensée qui l’anime, abandonne son papier qui le rive à une graphie morte, alors son corps se balance et ondule suivant les grandes lois de la pensée humaine et de l’organisme humain qui rejoue toutes choses.
Balancement = bercement. Force de l’orateur qui berce son auditoire.
Bercement = geste bilatéral qui a gardé toute sa puissance jusque dans la parole humaine.
Je suis une musculature qui profère une parole sémantico-mélodie. Ne pas admettre que l’écriture empêche le libre jeu des gestes : rythmomélodie expressive d’un mot. L’expression humaine ne doit pas se réduire au crissement du stylo. Il lui faut le libre jeu du corps.

Atelier d’écriture
Partir avec une phrase qu’on vient d’écrire. L’apprendre par coeur puis marcher pour opérer le blutage. Le blutage est l'opération qui consiste à séparer la farine du son. Prendre des notes en cours de marche de l’évolution de la phrase.
Marcher, non pas d’une marche-promenade du type j'écris dans l'herbe, mais bien d’une marche physique, battante, métronome, qui agit sur la phrase par "blutage". Le principe est de quitter la salle avec une phrase en tête. Puis de marcher cette phrase, de la parler, de la rythmer, de la battre par la marche (cf. les crocheteurs, le battoir des femmes au lavoir, le balancement des pleureuses) et d'étudier en cours de route les différentes phases de la séparation éventuelle de la farine et du son ! Je plaisante presque et presque pas ! C'est passionnant à vérifier !

Qu’est-ce qu’une phrase rythmée par la marche, passée par le souffle et oxygénée ?