Propositions d'écriture

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Coquilles

Présentation

Parsemer un texte de coquilles, pour faire signe

COQUILLES

La coquille est le résultat involontaire (pas toujours), souvent comique d’une faute de saisie (omission, inversion, addition ou substitution d’un ou plusieurs caractères dans un texte imprimé). Un livre sans faute est une chimère, dit-on. Il faut le croire parce que les exemples de coquilles abondent et dans les éditions de la Bible d’abord. Au XVIIe, porcos (pourceaux) au lieu de procos (amants) et l‘édition est brûlée. L’abbé Sieyès (auteur de Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? —Tout !) a la surprise de lire dans le texte de son discours : J’ai abjuré la République alors qu’il avait dit J’ai adjuré la République. Vous voulez donc me faire guillotiner ? fait-il à l’imprimeur. Au XVIIIe, une gazette annonce : Hier le souverain s’est pendu dans la forêt. En fait, Louis XV ne s’était que perdu dans Fontainebleau. 1938 en Allemagne : à la formule Heil Hitler, le typographe ajoute un t. Heilt Hitler signifie Guérissez Hitler. Sept mois de prison pour l’auteur de la coquille.
Boris Vian, lui, donne de la coquille la définition suivante : Retirez le Q de coquille : vous avez la couille, et ceci constitue précisément une coquille. Car, après tout, qu’est-ce que ce Q ? Un O rayé !
La coquille plonge chaque jour les journaux dans des embarras regrettables : Maintenant, je suis divorcée de Richard Burton en conne et due forme, disait Elizabeth Taylor dans Sud-Ouest, le 1er août 1976. Comme le souligne Roland Barthes, en changeant une lettre, il y a un glissement à l’intérieur des codes, qui donne un sens nouveau, mais un sens excentrique, qu’on ne maîtrise plus.
Il y a des coquilles partout et même dans les cartes. Sur une table de navigation, un récif avait été signalé à un mauvais endroit. Se fiant à sa carte, le capitaine conduisit son bateau droit sur l’écueil.