Propositions d'écriture

Propositions d'écriture

Imprimer la fiche
Votre détresse écrit-elle bien ?

Présentation

Votre détresse écrit-elle bien ?

Échappe-ton à la souffrance en écrivant ?
A vérifier, mais surtout à débattre.

Borel
« L’absurde idée reçue — ta mauvaise conscience — que ‘Les vraies douleurs sont muettes’. Que, dès qu’on en parle ou on en écrit, on échappe de quelque façon à la souffrance, soit qu’on prenne du recul par rapport à elle, et déjà c’est s’en éloigner, la dépasser, soit qu’on en remette, qu’on l’utilise, qu’on ‘fasse de la littérature’. » (J. Borel)

« l’étrange, dans l’écriture, et, oui, le suspect, c’est que, même lorsqu’on écrit son angoisse la plus déchirante, on l’écrit cependant dans l’exaltation. » Ainsi de nos pages les plus sombres.

Pirotte
« L’auteur n’est jamais si bas qu’il le dit. Il n’est jamais si bas qu’il ne cesse de l’écrire. l’homme qui écrit qu’il va mourir, et que sa misère est grande, et profond son désespoir, ne va pas mourir, et sa misère est à peine digne du nom de gêne, et son désespoir de celui de tristesse, et cette tristesse même est une dégoûtation qu’il se complaît à couver entre les murs d’un logement où la crasse croit-il engendre la merveille d’une mémoire éblouie. »

Paul Valéry
« Je ne puis m’empêcher de penser qu’il y a du système et du travail dans cette attitude parfaitement triste et dans cet absolu du dégoût. Une phrase bien accordée exclut la renonciation totale. Une détresse qui écrit bien n’est pas si achevée qu’elle n’ait sauvé du naufrage quelque liberté de l’esprit, quelque sentiment du nombre, quelque logique et quelque symbolique qui contredisent ce qu’ils disent. »

Variante
A-t-on le droit de se construire comme écrivain à partir de la souffrance d’un être aimé ? Jacques Borel, La Dépossession, 1973.
Si l’on peut écrire sa propre souffrance, peut-on, doit-on pour autant écrire celle des autres ? Si je parle de la douleur d’un autre, suis-je vraiment « un détrousseur de cadavres encore chauds » comme le craignait Jacques Borel écrivant sur et de l’agonie de sa mère.