Propositions d'écriture

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Déclarations d'amour masquées

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DÉCLARATIONS D’AMOUR MASQUÉES

ATELIERS LUDIQUES / LE BEAU PRESENT (LA BELLE PRESENTE), LA BELLE ABSENTE, LES HYPOCORISTIQUES


La Belle Absente

Si le moment est venu de déclarer votre flamme à l’aimé(e), soyez tout de même prudent !

Le poète Alfred de Musset s’écriait :

Si vous croyez que je vais dire
Qui j’ose aimer…
je ne saurais pour un empire
Vous la nommer.


Suivez donc le conseil de Musset et ne révélez pas tout de suite et à tout le monde le prénom de la personne que vous aimez. Pour vivre heureux, vivons cachés ! Attendez donc un peu. Mais que cela ne vous empêche pas d’avoir vos petits secrets brûlants !
La première déclaration d’amour doit être très ardente mais très discrète à la fois. Alors, comment faire ? La solution est simple : une déclaration d’amour masquée. Offrez à votre amour un étonnant petit cadeau à la plume, un poème qui contient son prénom, certes, mais qui le dissimule de façon très habile et fait de votre déclaration d’amour un chef-d’œuvre de discrétion. Ce procédé s’appelle La belle absente.

Technique de la belle absente
Pour faire une déclaration masquée, prenez un prénom, le prénom de la personne que vous aimez, et préparez-vous à composer un poème formé d’autant de vers que ce prénom contient de lettres.
Pour le premier vers, utilisez toutes les lettres de l’alphabet, sauf la première lettre du prénom concerné. Idem pour le deuxième vers et la deuxième lettre, etc.
“On s’autorise d’exclure, précise Perec, K.W.X.Y.Z. peu usités en français”.

Georges Perec était alors amoureux d’une jeune femme prénommée Catherine. 
Voici son poème :

Inquiet, aujourd’hui, ton pur visage flambe.
Je plonge vers toi qui déchiffre l’ombre et
La lampe jusqu’à l’obscure frange de l’hiver
Quête du plomb fragile où j’avance, masque
Nu, hagard, buvant ta soif jusqu’à accomplir
L’image qui s’efface, alphabet déjà évanoui…


A votre tour, tentez de créer un petit poème suivant ce procédé. La technique utilisée est celle du lipogramme. Dans un lipogramme, on s’interdit l’usage d’une ou de plusieurs lettres. Souvenez-vous donc que dans le premier vers de votre poème, toutes les lettres de l’alphabet doivent apparaître, sauf la première lettre du prénom de votre amour. Ne craignez pas d’employer des mots difficiles. Au contraire, feuilletez le dictionnaire et régalez-vous.
Quand vous offrirez à votre amour cette déclaration masquée, suivant le procédé de La Belle absente, laissez-le d’abord lire le texte, sans lui en donner la clé. Il est absolument impossible de deviner comment ce poème a été écrit. Ne soyez donc pas timide.



Les Hypocoristiques (ou Mots d'Amour)

Rien que des mots
“Les lettres d’amour, s’il s’agit bien d’amour, se doivent d’être ridicules” affirmait l’écrivain Fernando Pessoa. Qu’on ne s’y trompe pas, le discours amoureux est bien de la littérature et il y a tant de variétés de mots doux que les linguistes les étudient. Ces niaiseries qui portent en elles tout l’amour du monde, ces diminutifs grandioses ont un nom dans le monde sérieux des linguistes, qui les appellent des hypocoristiques. Alors, on a fait son cuicuistre ? L’origine du mot est grecque, de korizesthai, « cajoler ».

Exemples d’hypocoristiques
Le journal Libération fut pour les linguistes une source inépuisable d’hypocoristiques traditionnels ou plus contemporains : “ma poule, mon petit cœur, trésor, bel astre, pupuce, mon roudoudou, tourment de mes nuits, ma cascade, ma dope, ma petite couille, mon loukoum, mon Rubens, mon beau marin…” On trouvait déjà “ma petite couille” chez Rabelais (que n’a-t-il pas inventé ?), quand Gargantua s’adresse à son épouse Badebec en lui disant aussi : “ma tendrette, ma braguette, ma savate, ma pantoufle…” 
Les poètes du XVIe renchérissaient avec : “mon doux sucre, mon plaisir, ma jasarde, ma mignarde, ma doucette, ma garcette, mon téton, mon nombrillet…”

Il y a, dans les mots d’amour, beaucoup de nom d’animaux : mon chat, mon rat, mon lapin, ma biche, ma puce, etc. On dit que “mon chou” serait une masculinisation de chouette. Dans une pièce du XVIIe, Jupiter appelle Junon “mon petit chou-gras”. Plus tard, au XIXe, la passion… redouble : biche devient bibiche et loup se mue en loulou. En fait, ces redoublements câlins sont à l’origine de tout l’amour de l’humanité. Pour l’enfant, papa et maman sont les premiers hypocoristiques.
Le poète Papillon de Lasphrise écrivait au XVIe : 
"Hé mé mé bine moi, bine moi ma pouponne
Car l’amour se fait mieux en langage enfançon".

Technique de l’hypocoristique
Alors, à votre tour, jetez sur le papier tous les mots qui vous viennent à l’esprit, sans trier, laissez-vous aller. « Ma petite machine à coudre, mon pied de lampe, mon petit seau, mon stylo… »
Si vous n’avez vraiment pas d’idées, ouvrez un livre au hasard et notez le mot que vous pointerez du doigt.
Vous pouvez également décider de procéder par thèmes. Par exemple, écrivez-lui les mots d’amour qui ont un rapport avec l’eau : « Mon fleuve, mon océan d’amour, tu roules comme la vague. Mon gazouillis, ma cascade, je te pardonne, ma bouillonnante écume, ma belle eau fraîche, mon eau de roche… »
Vous pouvez aussi lui donner des noms d’oiseaux ! « Mon aiglonne, mon alouette, je te plumerai la tête, ma caille des vignes, mon canari bronzé, mon petit merle blanc ! »

Quand on aime, tout sourit, les mots s’alignent et ont un sens, même s’ils sont en apparence très éloigné du vocabulaire convenu et traditionnel de l’amour… 



La Belle Présente

Georges Perec inventa également la technique poétique de la Belle Présente. Discrétion absolue puisqu’il dissimulait dans son poème le prénom de la femme aimée.
Avec la ruse de la Belle Présente, écrivez votre poème en utilisant seulement les lettres contenues dans le prénom de l’aimée(e).
Ainsi fit Perec pour CÉCILE : “ELLE ICI, CLÉ CELÉE, CIEL LIÉ, LE CIEL CLIC.”