Corps écrit

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Bergson (Henri) > Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l'esprit (1896)

Présentation

Henri Bergson, Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l'esprit, PUF, 2008.

Présentation de l'éditeur
Dans Matière et mémoire, son deuxième grand livre (1896), Bergson montre comment notre mode de connaissance habituel, fondé sur l'espace, nous masque l'essence de l'esprit, celle de la matière, et leurs relations. On croit que l'esprit est fait d'éléments isolés (d'où une stricte localisation cérébrale) : c'est un acte temporel. On croit que la matière est faite d'objets séparés : c'est un ensemble de mouvements, même si notre corps en isole des "images". Dans les deux cas. l'espace nous masque la durée. Solution originale au problème classique du dualisme, appuyée sur une discussion scientifique et métaphysique, ce livre est essentiel dans cette œuvre, dans son temps, et aujourd'hui encore.
Henri Bergson (1859 1911) a uni au plus haut point la création des concepts (la durée) et la critique des problèmes (l'espace), les exigences de la science et celles de l'écriture. la vocation théorique et la vocation pratique de la philosophie. Prix Nobel de littérature, acteur politique, interlocuteur des plus grands de ses contemporains, il a montré en quoi la tâche de la philosophie est toujours à reprendre.

Détails
L'œuvre de Henri Bergson (1859-1941) rompt avec les traditions du kantisme et de la métaphysique traditionnelle. Très au fait des recherches scientifiques de son temps, Bergson étudie le « rôle du corps dans la vie de l'esprit ». Pour lui, le cerveau en tant que matière – « une existence située à mi-chemin entre la „chose“ et la „représentation“ » – est un centre d'action, non une collection de souvenirs. Organe qui permet le rappel du passé dans le présent en vue de l'action, jamais « il ne saurait faire naître une représentation ». Avec ce second ouvrage, Bergson engage la réflexion sur la voie d'une pensée de l'élan vital qui se confond avec les mouvements d'une liberté créatrice : « Ce livre affirme la réalité de l'esprit, la réalité de la matière, et essaie de déterminer le rapport de l'un à l'autre sur un exemple précis, celui de la mémoire. » Cette thèse dualiste, tout le livre va s'efforcer de la dépasser. En effet, les philosophes – idéalistes ou matérialistes –, ont dissocié matière et esprit, et opéré une réduction de la métaphysique à la physique. Ceux qui, comme Descartes, font de « l'union de l'âme et du corps » un « fait irréductible et inexplicable », & ceux qui considèrent « la pensée comme une simple fonction du cerveau » participent d'un même préjugé qui ne tient pas compte de la réalité.

Si l'on considère, en effet, la donnée centrale de la conscience, à savoir la mémoire, on ne peut que rejeter ces « hypothèses ». Le souvenir est d'une certaine façon la preuve que tout dans la conscience ne se joue pas au « présent du besoin », et donc qu'il y aurait bien dans le psychisme quelque chose de fondamentalement irréductible au corps. Dans le deuxième chapitre (« De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »), Bergson va distinguer deux mémoires : la mémoire habitude acquise par simple répétition mécanique (lors de l'apprentissage) et la mémoire singulière, non répétitive. « C'est en soi que le passé se conserve », et non dans le cerveau. Entre passé et présent, souvenir et perception, il existe une différence de nature : le passé se conserve intégralement, « en soi », alors que le présent passe. La matière n'est ni une chose purement extérieure et opaque (selon la conception réaliste) ni une simple représentation (selon la conception idéaliste) mais une « image » : une « image qui existe en soi », c'est-à-dire quelque chose qui « est avant la dissociation que l'idéalisme et le réalisme ont opéré entre son existence et son apparence. »
A confronter au cognitivisme, à Jean-Pierre Changeux dans L'Homme neuronal, à Deleuze…