Propositions d'écriture

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Ecrire avant Babel

Présentation

Qu’arrive-t-il donc quand on écrit dans une langue étrangère ? Qu’arrive-t-il au moi, disant des mots étrangers ? Etranges ?
Comment le corps lui-même réagit-il à cet exil, à ce transfert que représente le fait de parler une langue étrangère ?
En prenant garde à la familiarité des mots, on peut enfin sentir l’étrangeté de la langue.
Ecrire désormais en y prenant garde…

L'expérience de Silvia Baron Supervielle
Silvia Baron Supervielle a décidé, à un moment, de tout risquer, en vouant son avenir d’écrivain à une langue qui n’était pas sa langue maternelle.
L’influence de la patrie et de la langue maternelle, elle l’a soudain considérée comme une intimité dangereuse, contre laquelle il était nécessaire de réagir.
Pour elle, il est souhaitable, voire nécessaire, qu’un écrivain connaisse, de l’intérieur, au moins deux langues différentes, puisqu’une vie de soleil, de pluie et amis, n’est pas exactement une vie de sun, de books et de friends, ou plutôt de sol, de libro, et d’amigo.
Il faut qu’une autre langue illumine d’un lointain ailleurs ce qui constitue le moi et son univers. Une langue étrangère révèle aussi l’incapacité de notre propre langue à rendre compte du réel.
Pour cette raison, Silvia Baron Supervielle s’est soumise à « l’épreuve de l’étranger ».
Car deux choses (au moins) manquent à une langue qui n’est pas la nôtre : l’histoire et la mémoire.
Alors pourquoi Silvia Baron Supervielle abandonne-t-elle cette richesse pour une langue pour elle apparemment sans racines ? Tout simplement parce qu’en se défaisant de la mémoire de sa langue maternelle, elle signale le danger pour l’écrivain de la familiarité avec une langue. On peut se sentir tellement chez soi dans sa propre langue et dans le monde que cette langue pénètre, illumine, adoucit, qu’on oublie ce qu’est l’écriture en vérité.
En prenant garde à la familiarité des mots, on peut enfin sentir l’étrangeté de la langue.

Lang-âge
« Mais comment avoir la certitude que la langue que j’ai reçue à ma naissance, comme un baptême, sera au long de ma vie en harmonie avec l’énigme de mon être, la sensibilité de mon esprit, le secret de mes rêves ? (…) De plus, je m’interroge, la jeunesse a-t-elle une langue et l’âge mûr une autre ? »