Corps écrit

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Chéreau (Patrice) > Les visages et les corps (2010)
Chéreau (Patrice) > Les visages et les corps (2010)

Présentation

Patrice Chéreau, Les visages et les corps, Skira-Louvre Editions, 2010. 

Présentation de l'éditeur
"Le Louvre, pour moi, c'est quoi, au fait ? C'est la nuit noire, au bout du pont des Arts, puis la lumière de l'aube, c'est le matin pour aller au lycée, un autobus, c'est ma découverte du théâtre, un pont, des arcades, passer le matin sous l'Institut quand il fait encore nuit. [...] C'est dans ces mêmes jours, ou pas loin, le lycée sombre où mes jambes et mes genoux tremblent parce qu'on me demande soudain de faire ce que j'ai toujours désiré : monter sur un plateau. Ce sont les yeux brillants d'Osiris dans son passage souterrain [...], c'est l'art pompier, celui que mon père appelle ainsi avec mépris, et dont je n'ose pas dire que je l'aime plutôt bien, c'est le sommeil d'Endymion et l'enterrement d'Atala, toutes ces chairs blanches qui me tentent si violemment, [...]. C'est la solitude de l'adolescence, celle qui ne m'a pas quitté et qui est aujourd'hui encore le moteur le plus sûr qui me met au travail, la force qui me fait échafauder des projets, c'est son cortège de désirs et d'avidité, de tendresse et de manque, des images, oui, dont je me dis alors naïvement que je veux les refaire, ces visages que je n'ose pas regarder et dont je ne sais pas encore que je saurai un jour les faire travailler, les faire se modifier de l'intérieur. Et d'ailleurs, qu'est-ce que je sais faire ? Des images justement, il paraît, et pourtant je les critique aujourd'hui." Patrice Chéreau

Grand Invité du Louvre, Patrice Chéreau a fait du musée le sujet d'une oeuvre à part entière, "Les visages et les corps", dont ce livre est une composante. A travers des textes, des entretiens, des images et des documents d'archives inédits, se dessine un autoportrait où le désir de définir cet étrange métier de " metteur en scène " fait naître autant de doutes que de certitudes.



Détails
Exposition LES VISAGES ET LES CORPS, Louvre 2010/2011
« Le Louvre invite Patrice Chéreau », « Les Visages et les corps », « grand invité », après Pierre Boulez, Toni Morrison et Umberto Eco.
L'ouvrage associe un journal, des entretiens avec Clément Hervieu-Léger, des textes du conservateur Sébastien Allard et de Vincent Huguet, autre partenaire de l'exposition, et une très belle iconographie : clichés de répétitions, photographies du salon Denon, choisi pour Rêve d'automne de Jon Fosse et La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, reproductions des œuvres présentées dans les deux expositions Les Visages et les corps et Derrière les images.

« Les Visages et les corps [...] : ce quelque chose qui n'appartient qu'à une seule personne, qui est bouleversant dès qu'il apparaît et se transforme. » Délivré du poids des images par le cinéma, Patrice Chéreau se consacre au théâtre à « des visages, des corps dans un espace, dessinant une narration ». Il a associé la couleur de la carnation dans L'Étreinte de Picasso et Le Christ mort couché sur son linceul de Philippe de Champaigne. Il a intercalé entre les visages âgés de La Folle monomane du jeu de Géricault et de l'Autoportrait du Tintoret le juvénile corps nu de Clemens in my hall, photographie de Nan Goldin accrochée parmi les tableaux.

Nan Goldin présentait aussi une de ses célèbres chambres vides au milieu des visages et des corps. Elle était en outre présente avec Scopophilia, un superbe diaporama de ses propres clichés, des tableaux de l'exposition ou d'autres œuvres du musée, photographiés à l'invitation de Patrice Chéreau. Pendant les trois mois de la manifestation, restait aussi visible l'exposition Derrière les images, fabrique secrète du travail scénique, issue des fonds de l'I.M.E.C. : esquisses des premiers spectacles, maquettes de Richard Peduzzi, coupures de presse sur la gestualité de la violence, dessins du peintre Jean-Baptiste Chéreau.

Pendant plus d'un mois, Patrice Chéreau semblait habiter le Louvre, avec bonheur. Il a repris un soir sa lecture de Coma de Pierre Guyotat, sous la direction de Thierry Thieû Niang. Il a été le récitant d'Histoire du soldat de Stravinski lors du concert, dirigé par Daniel Barenboim, du West Eastern Divan Orchestra. Il a proposé une déambulation, à travers le musée, à la cantatrice Waltraud Meier avec les Wesendonck Lieder de Wagner. Il a suivi de salle en salle D'Autres visages et d'autres corps, chorégraphie, avec trois générations d'amateurs venus de banlieues parisiennes, de Thierry Thieû Niang, responsable de tout le parcours en danse, avec Mathilde Monnier et Boris Chamatz.