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Ossola (Carlo) > En pure perte
Le renoncement et le gratuit

Présentation

Carlo Ossola, En pure perte. Le renoncement et le gratuit, trad. Nadine Le Lirzin, Rivages poche, 2011.

> Présentation

Notre époque, fascinée par les mythes d'Ulysse, par les emblèmes de la sagesse active, a un peu oublié les vertus "passives" : la patience, le renoncement, le détachement, la pure perte de soi. Non pas la prise, mais la "déprise" de Roland Barthes, la Résistance et soumission de Dietrich Bonhoeffer, l'abandon, le détachement, l'Abgeschiedenheit silencieuse de Maître Eckhart, le fait de "se laisser aller en soi, au repos de soi", de faire le vide et le silence à l'intérieur et à l'entour. Le lieu en nous où cesse toute arrogance, où l'on accède sur la pointe des pieds, l'"existence minimale" accueillie avec une juste "retenue" : "le Neutre serait l'habitation généralisée de l'en deçà, de la réserve, de l'avance de l'esprit sur le corps (R. Barthes, Retenue, in Le Neutre, cours au Collège de France, 1977-1978). La "pure perte" est telle seulement si elle garde mémoire non de la perte mais de la pureté absolue de cet effacement sans traces.

> Quelques précisions

Carlo Ossola est professeur au Collège de France. Dans son séminaire de 2004-2005 (cf. En pure perte. Le renoncement et le gratuit), j'ai découvert notamment la personnalité et la force de Dag Hammarskjöld (né en Suède, en 1905), secrétaire général des Nations Unies, qui parvint à maintenir ensemble mystique et politique, "non pas sur le mode aliénant de la domination des masses" mais "dans le pur service et le don de soi", et qu'on situe parmi les "mystiques d'aujourd'hui" aux côtés de Simone Weil et Charles de Foucauld. "Mais cette mystique est une adhésion si complète à l'autre, écrit Carlo Ossola, dans sa préface au 'journal' de Hammarskjöld, intitulé Jalons (Le Félin), qu'elle en devient la première forme de la politique (c'est-à-dire de la vie dans la polis, dans la cité et pour la cité de l'homme). En ces jours où il était appelé aux plus hauts sommets, il notait : 'Il naviguait à bord de la caravelle de Christophe Colomb, et il se demandait s'il serait de retour au village à temps pour prendre la succession du vieux cordonnier avant qu'un autre l'eût usurpée'. Celui qui se tient sur le pont et assume le commandement est un véritable gubernator non pas simplement s'il pense à la conquête de l'Amérique, aux terres et aux pouvoirs à venir, mais à ceux qui jamais n'y mettront les pieds, qui ne comprendront même pas, pris dans le quotidien de leur vie, et du pain à gagner : le travail, la sueur, la poussière. La politique est projet, utopie, préparation du futur, elle ne consiste pas à agripper avec avidité le présent : 'Ne surveille pas chacun de tes pas : seul celui qui regarde au loin trouve le chemin'."
Et Ossola d'ajouter : "Le lire aujourd'hui, c'est s'offrir une citadelle vivante contre la désolation du présent, c'est porter haut la révolte de la conscience contre la misère morale qui opprime la polis et la politique : 'tunique ardente' de l'engagement."

> Télécharger le résumé du cours de Carlo Ossola au Collège de France