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Hammarskjöld (Dag) > Jalons

Présentation

Dag Hammarskjöld, Jalons, traduit du suédois par C. G. Bjurström, Philippe Dumaine, Nadine Le Lirzin, préface de Carlo Ossola, Le Félin, 2010.

> Présentatio
n de l'éditeur
Dag Hammarskjöld naît à Jönköping, en Suède, le 29 juillet 1905 ; fils de Hjalmar Hammarskjöld (1862-1953) - ancien premier ministre suédois et membre influent de l'Académie -, il suit des études d'économie politique, devenant à son tour ministre d'Etat en 1951. Il est secrétaire général des Nations unies de 1953 à 1961. En 1954, il succède à son père en tant que membre de l'Académie de Suède. Il meurt tragiquement, dans un accident d'avion, qui restera inexpliqué, dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961, à la frontière entre le Katanga et la Rhodésie du Nord, où il se rendait pour tenter d'apaiser la crise congolaise et la sécession du Katanga. Hammarskjöld, à la mémoire de qui sera décerné, en 1961, le Prix Nobel de la paix, fut un homme de lettres profond et raffiné ; il traduisit en suédois Chronique de Saint-John Perse, contribuant à lui faire attribuer le Prix Nobel de littérature (1960). Nourri d'intenses lectures spirituelles (Eckhart, Jean de la Croix, Pascal), et de celle des écrivains contemporains (Melville, T. S. Eliot, Ibsen, Hesse, Rilke, Faulkner, en particulier), Hammarskjôld nous a laissé l'un des plus nobles journaux de l'esprit : ses Jalons ont été, à juste titre, rapprochés des méditations de Marc Aurèle.

> Quelques précisions
Carlo Ossola, l'auteur de la préface, est professeur au Collège de France. Dans son séminaire de 2004-2005 (cf. Carlo Ossola, En pure perte. Le renoncement et le gratuit, Rivages poche, 2011), j'ai découvert notamment la personnalité et la force de Dag Hammarskjöld (né en Suède, en 1905), secrétaire général des Nations Unies, qui parvint à maintenir ensemble mystique et politique, "non pas sur le mode aliénant de la domination des masses" mais "dans le pur service et le don de soi", et qu'on situe parmi les "mystiques d'aujourd'hui" aux côtés de Simone Weil et Charles de Foucauld. "Mais cette mystique est une adhésion si complète à l'autre, écrit Carlo Ossola, dans sa préface au 'journal' de Hammarskjöld, intitulé Jalons (Le Félin), qu'elle en devient la première forme de la politique (c'est-à-dire de la vie dans la polis, dans la cité et pour la cité de l'homme). En ces jours où il était appelé aux plus hauts sommets, il notait : 'Il naviguait à bord de la caravelle de Christophe Colomb, et il se demandait s'il serait de retour au village à temps pour prendre la succession du vieux cordonnier avant qu'un autre l'eût usurpée'. Celui qui se tient sur le pont et assume le commandement est un véritable gubernator non pas simplement s'il pense à la conquête de l'Amérique, aux terres et aux pouvoirs à venir, mais à ceux qui jamais n'y mettront les pieds, qui ne comprendront même pas, pris dans le quotidien de leur vie, et du pain à gagner : le travail, la sueur, la poussière. La politique est projet, utopie, préparation du futur, elle ne consiste pas à agripper avec avidité le présent : 'Ne surveille pas chacun de tes pas : seul celui qui regarde au loin trouve le chemin'."
Et Ossola ajoute : "Le lire aujourd'hui, c'est s'offrir une citadelle vivante contre la désolation du présent, c'est porter haut la révolte de la conscience contre la misère morale qui opprime la polis et la politique : 'tunique ardente' de l'engagement."