Corps écrit

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Sacks (Oliver) > L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau

Présentation

Oliver Sachs, L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Le Seuil, 1988.

> Description
Oliver Sacks décrit dans ce livre les affections les plus bizarres, celles qui atteignent un homme non seulement dans son corps, mais dans sa personnalité la plus intime et dans l'image qu'il a de lui-même. Il nous fait pénétrer dans un royaume fantastique, peuplé de créatures étranges : un marin qui, ayant perdu le sens de la continuité du temps, vit prisonnier d'un instant perpétuel ; une vieille dame qui caricature dans la rue les expressions des passants, jusqu'à les rendre grotesques et terribles ; un homme qui se prend pour un chien et renifle l'odeur du monde ; deux jumeaux arriérés mentaux, capables de calculs numériques prodigieux, qui vivent dans des paysages de chiffres ; ce musicien qui, ayant perdu la capacité de reconnaître les objets, prend pour un chapeau la tête de sa femme, et bien d'autres... Tentatives aussi pour poser les jalons d'une médecine nouvelle, plus complète, qui, traitant le corps, ne refuserait pas de s'occuper de l'esprit, et même de l'âme...
La médecine, depuis Hippocrate, a toujours eu recours aux histoires de cas pour présenter le tableau clinique des maladies. Au XIXe siècle, psychiatres et neurologues se sont longtemps distingués par leurs descriptions fines du sujet souffrant. Mais à la suite des découvertes de Broca sur l'aphasie se développa une neurologie beaucoup plus attentive aux symptômes et à leurs liaisons organiques qu'au vécu du malade.
Les travaux du neurologue new-yorkais Oliver Sacks s'efforcent, sur les traces de la neuropsychologie russe qui vit le jour durant la Seconde Guerre mondiale, de renouer à sa façon avec la tradition hippocratique. Ce que les études rassemblées ici restituent à ces graves maladies de l'âme, ce n'est pas seulement l'épaisseur subjective et humaine ; c'est aussi la valeur insolite et presque grandiose de l'aventure qu'elle représente, au-delà des étroites limites de la normalité. Ces héros solitaires, engagés dans de pathétiques combats intérieurs, nous font à la fois rire et pleurer. Leur dimension théâtrale n'a pas échappé à de nombreux metteurs en scène qui, comme Peter Brook en France, dans L'homme qui par exemple, se sont inspirés de l'ouvrage de Sacks devenu très vite un grand classique. (Émilio Balturi)