Corps écrit

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Clair (Jean) > De immundo. Apophatisme et apocatastase dans l'art d'aujourd'hui (2004)

Présentation

Jean Clair, De Immundo, Galilée, 2004.

Présentation
« Le temps est loin où saint Bonaventure enseignait la delectatio. Docere et delectare : l’art s’est longtemps donné pour fin, autant qu’instruire l’esprit, de réjouir les sens.
Il semble que ce soit d’un tout autre registre que joue l’œuvre contemporaine. Le temps du dégoût a remplacé l’âge du goût. Exhibition du corps, désacralisation, rabaissement de ses fonctions et de ses apparences, morphings et déformations, mutilations et automutilations, fascination pour le sang et les humeurs corporelles, et jusqu’aux excréments, coprophilie et coprophagie : de Lucio Fontana à Louise Bourgeois, d’Orlan à Serrano, de Otto Muehl à David Nebreda, l’art s’est engagé dans une cérémonie étrange où le sordide et l’abjection écrivent un chapitre inattendu de l’histoire des sens. Mundus immundus est ?
Le dialogue du Parménide avançait que la crasse et le poil sont deux choses pour lesquelles il n’existe aucune Idée. Du Beau idéal de Platon à ce qu’on pourrait appeler, d’aisthesis, la sensation, et de stercus, les excréments, une esthétique du stercoraire, que s’est-il passé ? Les écrits de Bataille et de Sartre, dans les années 1930, placés sous le signe d’un sacer ambigu, annonçaient cette évolution. Et le pessimisme de Freud qui disait impossible de concilier les revendications de la pulsion sexuelle et les exigences de la civilisation semble se vérifier sous nos yeux.
Le problème se pose cependant : en quoi les responsables des grandes institutions culturelles, à Cassel, à Londres, à New York, à Paris, à Venise, trouvent-ils leur intérêt à bénir cette ritualité d’une physiologie nue ? »