Corps écrit

Anne-Claire Désesquelles, Au rythme de la vie, Ovadia, 2008.

> Présentation de l'éditeur
Le rythme n'est pas ce simple métronome du devenir auquel on l'identifie souvent. N'est véritablement rythmé qu'un processus s'organisant spontanément par impulsions successives, comme le suggère si puissamment la danse. Alternant tensions et détentes, efforts et repos, élans et retombées, une telle souplesse caractérise la vie. Qu'on perde le rythme, comme dans certaines maladies psychiques, et c'est toute l'existence qui en est déséquilibrée. Bien loin de n'être qu'une manifestation de la vie, le rythme est donc l'expression même de son principe, c'est-à-dire de sa vitalité.
Anne-Claire Désesquelles, médaille d'or d'analyse musicale au Conservatoire de Lyon, est agrégée de philosophie, docteur en philosophie.

> Extrait
[Dans les gestes mécaniques, du type travail à la chaîne], rien ne lie les moments successifs. Le temps est pulvérisé en instants isolés qui disparaissent aussitôt qu’apparus. La réalité en devient aussi friable qu’inconsistante. Tout à l’inverse, parce qu’il décide de la fréquence de ses foulées, le champion prépare à chaque fois l’effort suivant. Après la propulsion il suspend brièvement son activité pour mieux rebondir ensuite. Pendant ce minuscule repos, l’énergie se réserve, se ramasse, s’accumule avant de se dépenser à nouveau. L’athlète laisse à sa force le temps de se reconstituer. Au lieu de se précipiter sur le geste suivant, il le retarde, ménage une brève transition, crée un délai. Du coup, le bond présent tend vers celui à venir, l’énergie se recueille en vue de l’effectuer.

> Mon avis
On retrouvera ce désir de recouvrer la santé du rythme chez Marc-Alain Ouaknin, avec la notion de "mouvement dans le langage", à propos de la lecture cette fois.