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M'Uzan (Michel de) > De l'art à la mort

Présentation

Michel de M'Uzan, De l'art à la mort, Gallimard, 1983.

> Présentation de l'éditeur
L'artiste, qui crée dans un moment de saisissement, mis pour ainsi dire hors de lui, le psychanalyste, qui se trouve un instant " saisi " par l'inconscient de son patient, l'être aimant, qui se laisse happer par le mourant, ne sont que des exemples extrêmes de la précarité des limites en quoi l'auteur discerne non pas une disposition nécessairement pathologique, ou un accident purement négatif, mais bien la chance de l'être dans ses efforts pour se construire lui-même et atteindre sa vérité ;
Expérience et reconnaissance de l'inconscient : nous sommes ici dans le droit fil de la pensée freudienne la plus irrécusable, celle de l'inquiétante étrangeté.

> Mes notes
L’œuvre accomplie, désormais relativement indépendante à l’égard tant du monde que de son propre créateur, constitue une nouvelle réalité grâce à quoi l’auteur se retrouve lui-même intégralement, tandis que le monde reprend pour lui sa stabilité.
Le monde en tant que tel est donc totalement désinvesti (ici parler de Woolf incapable d’allier les sorties mondaines et l’écriture), cependant que le sujet, de son côté, devient partiellement étranger à lui-même. D’où une modification des limites du Moi, un sentiment d’étrangeté, qui peuvent être vécus à des degrés d’intensité variables, mais qui, ressentis comme un changement fugitif et contrôlable, ou comme un état exceptionnel de clairvoyance, ressortissent à la dépersonnalisation. L’artiste est plus que quiconque exposé à des situations extrêmes qui ne sont pas sans danger. Mais le médiateur qu’il a créé en lui-même et qui, en un sens, continue de représenter la réalité, l’empêche de s’égarer.
Ainsi entre une réalité extérieure momentanément altérée et un sujet dont l’identité s’est trouvée mise en question, s’édifie un nouvel objet, l’œuvre, qui tient de l’un et de l’autre, tout en représentant un moment de leurs rapports réciproques. L’œuvre accomplie, désormais relativement indépendante à l’égard tant du monde que de son propre créateur, constitue une nouvelle réalité grâce à quoi l’auteur se retrouve lui-même intégralement, tandis que le monde reprend pour lui sa stabilité.
Offerte cette fois au vrai public, et non plus au public intérieur dont l’auteur doit maintenant se séparer l’œuvre est devenue un fait social car elle s’adresse maintenant aux frères qui vont en tirer un bénéfice sans avoir eux-mêmes à se dépenser.
L’œuvre qu’on a derrière soi risque de créer une nouvelle situation traumatique : « après la sublimation, les composantes érotiques n’ont plus la force de lier toute la destruction qui s’y était ajoutée, de sorte que celle-ci se libère sous forme de penchants à la destruction et à l’agression » (Freud)
C’est pourquoi aucun écrivain ne peut se contenter d’une seule œuvre, si grande et si totale soit elle, et pour lui tout est toujours à recommencer.
Flaubert : « On les aura connues, les affres de la littérature ! »