Corps écrit

Corps écrit

Imprimer la fiche
Pierrat (Emmanuel) > Le sexe et la loi

Présentation

Emmanuel Pierrat, Le sexe et la loi, La Musardine, 2008.

> Quatrième de couverture
La loi s'est toujours crue investie d'un droit de regard sur la sexualité des individus. Elle a même prévu une hiérarchie des sanctions selon les nuances de la libido- mieux vaut, par exemple, être zoophile que pédophile, nécrophile que violeur, voyeur que proxénète -, et d'ailleurs certaines pratiques sexuelles-fétichisme, gérontophilie, triolisme, échangisme, etc. -, à condition de rester discrètes, n'encourent aucune sanction devant les tribunaux.
Le Sexe et la Loi se propose donc de faire un tour d'horizon de la sexualité sous ses formes les plus diverses et du traitement que lui réserve la loi. On y trouvera les réponses à de multiples questions... Quelle peine encourt-on à harceler sa secrétaire ? À quels tracas s'exposent les couples sado-masochistes ? Peut-on faire l'amour en public ? Qu'est-ce que le devoir conjugal ? Est-il licite de coucher avec sa nièce ? Que risque-t-on pour un viol de cadavre ? etc.
Servi par une plume ironique, ce regard sur les curieux rapports entre le sexe et la loi évoque l'ancien droit comme la loi actuellement applicable. Quelques affaires retentissantes et beaucoup d'anecdotes illustrent des situations parfois sordides mais bien souvent rocambolesques.

> Mes notes pour la préparation d'un entretien avec Emmanuel Pierrat et Ruwen Ogien (Montpellier, 2006)
Introduction générale :
Schopenhauer disait que la sexualité est « la chose du monde la plus sérieuse » : cause de la guerre, but de la paix, elle est le fondement de toute action, l’objet de toute plaisanterie, la source inépuisable des mots d’esprit, etc.
Nos invités : Emmanuel Pierrat
Spécialiste du droit de la presse et de la communication, Emmanuel Pierrat est avocat au barreau de Paris. Il plaide régulièrement des affaires de ''censure'' (Houellebecq, Skorecki, etc .) et enseigne le droit d'auteur et le droit de la communication à l'université de Paris XIII. Il a notamment publié 'Le Sexe et la loi' en 2008 et 'L' Industrie du sexe et du poisson pané' en 2004. Il est par ailleurs chroniqueur à Livres Hebdo, Caractère, Elle et l'Oeil, et écrit de nombreux ouvrages sur le droit d'auteur, le droit à l'image ou encore le droit du livre. Passionné par la littérature, l'histoire des moeurs et de la censure, il publie également un essai 'Le Sexe et la loi' (réédité à La Musardine). De plus, directeur de collections de curiosa chez divers éditeurs, il réédite et préface des livres érotiques du temps passé (très souvent interdits à leur parution). Emmanuel Pierrat est un jeune auteur qui distille sa parole sur l'état des moeurs françaises.
Mot de l'éditeur sur "Le sexe et la loi" de Emmanuel Pierrat
La loi s'est toujours crue investie d'un droit de regard sur la sexualité des individus. Elle a même prévu une hiérarchie des sanctions selon les nuances de la libido - mieux vaut, par exemple, être zoophile que pédophile, nécrophile que violeur, voyeur que proxénète -, et d'ailleurs certaines pratiques sexuelles - fétichisme, gérontophilie, triolisme, échangisme, etc. - à condition de rester discrètes, n'encourent aucune sanction devant les tribunaux. Le Sexe et la Loi se propose donc de faire un tour d'horizon de la sexualité sous ses formes les plus diverses et du traitement que lui réserve la loi. On y trouvera les réponses à de multiples questions. Quelle peine encourt-on à harceler sa secrétaire ? À quels tracas s'exposent les couples sado-masochistes ? Peut-on faire l'amour en public ? Qu'est-ce que le devoir conjugal ? Est-il licite de coucher avec sa nièce ? Que risque-t-on pour un viol de cadavre ? etc. Servi par une plume ironique, ce regard sur les curieux rapports entre le sexe et la loi évoque l'ancien droit comme la loi actuellement applicable. Quelques affaires retentissantes et beaucoup d'anecdotes illustrent des situations parfois sordides mais bien souvent rocambolesques. Emmanuel Pierrat est avocat au barreau de Paris. Chroniqueur juridique de Livres Hebdo, auteur de nombreux ouvrages sur le droit de la culture, il est également grand collectionneur de livres érotiques et directeur de collection de curiosa. Son premier roman, Histoire d'eaux, vient de paraître au Dilettante.

Le livre des livres érotiques, Chêne, 2007
Mot de l'éditeur sur "La Liberté d'offenser sexe, art et morale" de Ruwen Ogien
La Musardine
Coll. L’Attrape-corps
À votre avis, pourquoi exige-t-on des écrits à contenu sexuel explicite des qualités littéraires qu’on ne demande absolument pas à la plupart des autres livres ? Et pourquoi donc vouloir saupoudrer un film pornographique d’une dimension esthétique qu’on n’attend pas dans la plupart des autres films ? D’ailleurs, qu’il y-a-t-il de mal à vouloir tout simplement exciter sexuellement via des écrits ou des images plutôt que de chercher à faire rire, pleurer ou trembler de peur ? La révolution sexuelle avait promis de supprimer tous les interdits. Et pourtant, désormais, faute de pouvoir sanctionner certaine des activités sexuelles des citoyens adultes et consentants, on s’attaque aujourd’hui à leurs représentations. En alliant la virtuosité conceptuelle à des exemples clairs et percutants, Ruwen Ogien s’attache à démontrer, non sans humour, les paradoxes de nos sociétés post-modernes où l’apparente démocratisation des pratiques sexuelles semble aller de pair avec une criminalisation croissante de ses représentations. Un manifeste brillant et subversif pour la liberté d’expression et contre la panique morale.
Formé à l'anthropologie sociale, il a écrit notamment sur la pauvreté et l'immigration (un livre, des rapports). Sa thèse de philosophie, sous la direction de Jacques Bouveresse a été publiée sous le titre « La faiblesse de la volonté ». Ses domaines de recherche actuels sont la philosophie morale et la philosophie des sciences sociales. Ruwen Ogien s’est intéressé à la notion de raison pratique ainsi qu’à l’irrationalité pratique. Il a également écrit sur les émotions. Ses travaux ont notamment porté sur la haine et la honte.
Il travaille actuellement à mettre au point une théorie éthique qu'il nomme éthique minimale. C'est une éthique d'esprit anti paternaliste qui voudrait donner des raisons de limiter autant que possible les domaines d'intervention de ce qu'il appelle, à la suite de John Stuart Mill, la « police morale ». Elle se présente sous la forme de trois principes:
Principe de considération égale qui nous demande d'accorder la même valeur à la voix de chacun ;
Principe de neutralité à l'égard des conceptions du bien personnel ;
Principe d'intervention limitée aux cas de torts flagrants causés à autrui1.
Un ouvrage développe de façon plus systématique cette éthique minimale2. Cette théorie a déjà été ébauchée dans d’autres livres et articles3.
Anecdotes Il est le frère d'Albert Ogien, sociologue s'inscrivant dans le courant ethnométhodologiste.
Notes
↑ Ogien, Ruwen, La panique morale, Paris, Grasset, 2004, p. 30.
↑ Ogien, Ruwen, L'éthique aujourd'hui, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2007.
↑ Penser la pornographie, La panique morale.

L'éthique minimale est une théorie morale contemporaine développée par le philosophe français Ruwen Ogien. Apparue en octobre 2003 dans un ouvrage d'éthique appliquée, cette conception propose de réduire la morale à simplement trois principes. Ces derniers dessinent le cadre d'une éthique d'inspiration libérale, se voulant non paternaliste. Si la formulation de cette théorie a évolué au cours de ses différentes présentations, elle reste axée sur le principe de non-nuisance et sur la considération égale de chacun.
Penser la Pornographie [modifier]
« Le porno blesse tout le monde » : exemple typique des positions récusées par l'éthique minimale
La première exposition de l'éthique minimale se fait en 2003, au chapitre 1 de Penser la pornographie. La conception n'est alors qu'esquissée, mais elle joue un rôle central dans l'ouvrage. C'est au regard de celle ci que l'auteur étudie la valeur morale de pornographie. Penser la pornographie est en effet un essai d'éthique appliquée : s'attaquant à ce thème alors fort controversé en France1, il soutient qu'il n'y a pas de problème moral dans la pornographie, et plus largement dans la prostitution ou le sado-masochisme. Délaissant une part des opposants à la pornographie, Ruwen Ogien s'intéresse uniquement aux détracteurs libéraux de cette dernière. Ce n'est pas les accusations d'« obscenité » qui sont l'objet de ses analyses, mais celles qui font de la pornographie une atteinte aux femmes, à la dignité humaine, ou un danger pour les mineurs. Selon lui, ces positions témoignent d'une incapacité à assumer les conséquences du libéralisme politique. Si de nombreux libéraux professent une opposition à la pornographie en tant que telle, c'est parce qu'ils n'assument pas l'« éthique minimale » que devrait admettre tout libéral conséquent. La théorie proposée par Ogien est donc au cœur de son livre, bien que n'étant que brièvement décrite dans les premières pages.
Cette morale minimale réside dans trois principes2 :
La neutralité à l’égard des conceptions substantielles du bien.
Le principe négatif d’éviter de causer des dommages à autrui.
Le principe positif qui nous demande d’accorder la même valeur aux voix ou aux intérêts de chacun.
Aussi courts qu'ils puissent paraître, ils constituent pourtant l'essentiel du minimalisme. L'éthique d'Ogien tient dans ces trois éléments, leur explication, et leur justification.
Le principe de neutralité demande de rester neutre à l'égard des conceptions personnelles de la vie bonne. Dans Penser la pornographie il est utilisé relativement aux conceptions du bien sexuel. Il s'agit de rester neutre envers les orientations sexuelles des individus (le sado-masochisme, l'homosexualité) et envers la façon dont ils conçoivent une sexualité réussie. L'adoption d'une telle attitude neutre est justifiée par l'impossibilité de s'accorder raisonnablement sur ce qu'est une vie « bonne ». La neutralité prônée par Ogien s'explique donc de façon très classique, par le constat de désaccords irréductibles sur les conceptions du bien.
La seconde règle correspond au harm principle de John Stuart Mill. L'auteur l'entend dans un sens très étroit : « Il ne concerne qu'une classe très restreinte de dommages : physiques et psychologiques, sur des personnes particulières, lorsqu'ils peuvent être raisonnablement jugés évidents et importants »3.
Enfin demander d'accorder la même valeur aux voix ou aux intérêts revient à exiger une certaine impartialité dans, si ce n'est la prise en compte, la considération accordée aux intérêts et voix de chacun. Il constitue une reprise et un élargissement du principe de considération égale des intérêts de chacun, notamment présent chez les utilitarites4.
En guise de raison d'adopter ces trois éléments comme morale, Ogien affirme « qu'ils représentent le meilleur ensemble de principes moraux qui se dégagent de la confrontation rationnelle des trois théories morales les plus importantes : éthique des vertus d'inspiration aristotélicienne ; éthique déontologique d'inspiration kantienne ; éthique conséquentialiste, qui est un développement et un dépassement de l'utilitarisme classique »5. Sa théorie est donc présentée comme une forme de consensus sur des principes communs minimaux. Qu'il faille se limiter à ces règles minimales est par contre nettement moins consensuel, les morales minimales n'étant pas en philosophie parmi les plus défendues. La perspective générale n'est pas d'ailleurs moins contestable : l'auteur défend les principes fondamentaux du libéralisme politique, qu'il se borne à étendre au domaine moral. Les adversaires du premier n'auront donc a priori que peu d'attrait pour l'éthique minimale.

La panique morale [modifier]
L'éthique minimale a ensuite été approfondie dans La panique morale en 2004. Là encore l'ouvrage n'avait pas pour thème principal cette théorie. Une place lui était toutefois dévolue au début du livre, où cette théorie est présentée plus en détails que dans Penser la pornographie.
Les principes ayant été remodelés, ils apparaissaient ainsi 6 :
Principe de considération égale, qui nous demande d’accorder la même valeur à la voix et aux intérêts de chacun.
Principe de neutralité à l’égard des conceptions du bien personnel.
Principe d’intervention limitée aux cas de torts flagrants causés à autrui.
On remarque immédiatement des changements : le principe d'égale considération, qui insiste sur l'importance des revendications des personnes à été mis en avant ; le principe de neutralité parle désormais de « conceptions du bien personnel » ; enfin le principe demandant d'éviter les dommages traite désormais « d'intervention limitée ».
Dans la vingtaine de pages consacrée à l'éthique minimale, Ruwen Ogien expose plus précisément le cadre et le contenu de sa théorie.
Le clonage fait partie des questions que l'éthique minimale considère comme des faux problèmes moraux
L'éthique minimale considère que les conceptions de la vie bonne, de la vie réussie, n'ont aucune valeur morale. Le terme d'« éthique » minimale n'est donc pas choisi par contraste avec « morale », les deux termes sont pleinement interchangeables dans le conception ogiennienne. C'est cette idée d'indifférence morale de la vie bonne qui appuie le "principe de neutralité" : si les modes de vie n'ont aucune importance morale, il nous faut alors rester neutre à leur égard.
La conception d'Ogien se distingue toutefois d'autres éthiques minimalistes. Ce n'est pas l'impossibilité de trouver un accord sur le contenu d'une vie bonne, réussie, "morale" qui mène l'éthique ogiennienne à se désintéresser de la conception de la vie bonne. C'est l'absence de valeur morale de ces conceptions. Même si l'on pouvait trouver un accord sur ce qu'est une vie bonne, Ruwen Ogien soutient que ça ne changerait rien : les modes de vies n'ont pas en eux-mêmes de valeur morale. Il y a donc un changement profond par rapport à la raison avancée dans Penser la pornographie.
Ce qui fait la valeur morale d'une action selon l'éthique minimale est sa contribution au juste. Ce qui est indépendant des contributions au juste n'a pas de valeur morale. L'éthique minimale refuse donc, dans La panique morale, que le bien puisse avoir une valeur morale.
La théorie morale ogiennienne s'inscrit dans un cadre libéral, mais Ogien refuse de la caractériser comme telle sans autres qualifications, étant donné que de nombreux libéraux sont en désaccord avec lui (sur la valeur morale de la vie bonne par exemple). Un aspect de ce désaccord est notamment l'utilisation du harm principle comme principe moral. La plupart des libéraux endossant le harm principle l'endossent en effet comme principe politique dit Ogien. Le considérer aussi comme un principe moral distingue donc encore un peu plus l'éthique minimale des autres positions libérales.

L'Éthique aujourd'hui [modifier]
Prévue dès 2004 chez Bayard7 sous le titre L'Éthique minimale, soupçonnée pendant un temps chez Grasset8, la présentation complète de l'éthique minimale paraît finalement chez Gallimard le 15 février 20079 sous le titre L'éthique aujourd'hui. La théorie a grandement évolué en deux ans10, comme l'ont laissé paraître les conférences données quelques mois plus tôt par Ogien11.

↑ C'est à la même période que paraissent d'autres ouvrages et plusieurs articles sur le sujet dans le pays. Par exemple La Pornographie, ou l'épuisement du désir de Michela Marzano. Le thème de la pornographie avait été mis en avant dans les années précédentes, avec les « affaires » Baise-moi, ou Rose bonbon. Voir aussi Ogien, Penser la pornographie, note 1 p.6 pour les mesures législatives envisagées entre 2001 et 2003.
↑ Ogien, Ruwen, Penser la pornographie, Paris, Puf, coll. Questions d’éthique, 2003, p. 12
↑ Ogien, Penser la pornographie, p.15
↑ Par exemple chez Peter Singer (Peter Singer, Questions d'éthique pratique, ch.2, et La liberation animale, ch.1)
↑ Ogien, Penser la pornographie. p.14
↑ Ogien, Ruwen, La panique morale, Paris, Grasset, 2004, p. 30
↑ Voir la note 14, p.326, dans La panique morale. Amazon.fr avait d'ailleurs déjà une fiche-produit concernant l'ouvrage [1]
↑ Voir Larmore, Charles, « L'éthique à sa place » in Critique, n°706, mars 2006, note 3 p. 213
↑ Source : www.gallimard.fr, à paraître, consultation : février 2007
↑ La panique morale datant d'octobre 2004, il ne s'écoule pas vraiment trois ans entre la dernière présentation (2004) et L'éthique aujourd'hui (2007)
↑ Conférence du 25 septembre 2006 sur l'éthique minimale et la panique morale, à la Maison de métallos (Paris). Conférence sur 28 octobre 2006 sur libéralisme moral, en Sorbonne.

L’attrape-corps chez la Musardine
L’attrape-corps, une collection de sciences humaines sur les enjeux liés au corps et à la sexualité
Blogs érotiques, films pornographiques amateurs, performances artistiques ultra-trashs, témoignages télévisés plus ou moins authentiques… On pensait avoir tout vu, tout lu et tout entendu sur le sexe : ce qu’on osait demander et même ce que l’on ne voulait pas forcément savoir. Et pourtant, les nouvelles modalités de l’érotisme, la redistribution des cartes du tendre ou du genre, les enjeux liés au clonage et à l’homoparentalité nous invitent désormais à aborder la question sexuelle sous un jour nouveau.
La révolution sexuelle nous avait promis de supprimer tous les interdits. Mais, à en juger par les récents débats autour de la prostitution, de la pornographie et la sévérité croissante de la répression des infractions sexuelles, ce fantasme permissif semble avoir fait long feu. Dès lors, comment délimiter les frontières entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, tout en préservant la sphère privée et les libertés fondamentales en matière de pratiques sexuelles ?
Dès sa création il y a sept ans, « L’attrape-corps » s’est attaché à interroger la modernité par le biais de l’érotisme. Aujourd’hui, notre collection décide de s’engager dans le combat pour la liberté d’expression et contre la panique morale. Il ne s’agit pas d’envisager le sexe comme une chose répugnante ou de le sacraliser, de le surinvestir ou de nier son rôle en tant que lieu où se jouent certains rapports de pouvoir, mais bien de le dédramatiser pour en faire un objet de réflexion au même titre que d’autres comportements sociaux. Laboratoire d’idées, « L’attrape-corps » entend donc proposer un panorama des problématiques autour de l’exercice de la liberté sexuelle, via des essais engagés et exigeants mais toujours accessibles. Pamphlets, témoignages, traductions inédites, mise au jour de textes anciens méconnus, nos essais sont lisibles par tous, curieux ou érudits. Et si à leur lecture d’aucuns se sentent parfois dérangés, c’est que nous revendiquons
 la liberté de faire rougir et parfois même de bousculer.
Sarah Chiche, directrice de collection,
 octobre 2007

Titre : La Voie Humide
Auteur : Coralie Trinh Thi
Éditeur : Au diable vauvert

Description
Coralie Trinh Thi s’est imposée comme un authentique écrivain avec son premier roman Betty Monde paru en 2002. 
Elle publie aujourd’hui un récit autobiographique : plus de trois années de travail pour plus de 700 pages d’une belle écriture, fluide, modeste et pertinente, autrement dit bien plus qu’une nouvelle et banale bio de porn star. Construit sur la structure initiatique du Tarot de Marseille, à la fois récit de formation et témoignage acéré sur un moment de notre histoire politique et culturelle, La Voie Humide est la chronique d’une jeune fille très tôt indépendante, qui va exercer des choix et les assumer pour devenir cette femme libre qui pratique le sexe comme un épanouissement personnel.


De l’enfance, l’école et l’apprentissage de la lecture à la découverte du sexe, des premières expériences du porno et de la caméra à la succession des tournages, de la culture rock et gothique à la consécration comme star internationale du X, de la complicité avec Virginie Despentes à la rencontre quasi initiatique avec Jodorowsky, La Voie Humide se lit dans la passion, avec une affection toute particulière pour une jeune femme qui se veut, et demeure, libre et intègre.


Ses convictions intellectuelles et morales pourront choquer les bien-pensants, à commencer par la liberté sexuelle revendiquée jusque dans le choix épanoui du X, mais aussi le rapport au mystique et au magique, ou encore la quête d’amour jamais démentie et toujours difficile qui sous-tendent le récit. C’est un grand livre sadien, un pavé rebelle dans la mare des faux-semblants et du prêt-à-penser. Coralie nous donne ici à lire un récit autobiographique d’une absolue sincérité, dans le respect de tous ceux qu’elle a rencontrés. Elle réussit à atteindre la vérité d’un genre délicat, sans aucune trace de complaisance, ni envers elle, ni envers son époque. Un livre qui fera date.

Jodorowsky, co-auteur de La voie du tarot.
Alejandro Jodorowsky, dit « Jodo », né le 17 février 1929 à Tocopilla (Chili), est un réalisateur, acteur, auteur d'une poignée de films ésotériques, surréalistes et provocateurs ; il est également auteur de mémorables « performances » Panique (groupe qu'il crée avec Roland Topor et Fernando Arrabal), mime, romancier, essayiste, poète et prolifique scénariste de bande dessinée.
Les univers qu'il développe sont en général des univers de science-fiction, voire des mondes fantastiques. Ses histoires se caractérisent par la présence de nombreuses métaphores et symboles, auxquels il mêle souvent une description sociale ; l'on pense par exemple aux révoltes contre la dictature dans L'Incal, la reconstitution de la colonisation du Mexique par les conquistadores (des crapauds dans La Montagne sacrée) ou encore la description des bas-fonds d'une grande ville et des religions populaires dans Santa sangre.
Jodorowsky est également reconnu comme un « éclaireur » dans sa pratique du tarot divinatoire, qu'il décape de son acception occultiste, pour la connecter exclusivement à la sphère psychique et intuitive de l'homme. Il a redessiné l'édition courante du Tarot de Marseille, à la fin des années 1990, avec l'aide de Philippe Camoin, descendant des grands maîtres cartiers de Marseille.
À partir des années 1980, il anime dans divers lieux de Paris (comme une université, un bar ou un dojo) une réunion ouverte hebdomadaire, intitulée « Le Cabaret mystique », où il témoigne — dans l'esprit d'une agora ouverte à ses auditeurs — de thèmes touchant à l'éveil intérieur comme la pratique du zen (qu'il étudia avec Ejo Takata), les arts martiaux, la tradition chilienne, l'héritage spirituel de l'humanité, le massage, la « sagesse des blagues », la psychanalyse, Carlos Castaneda, …
Cet aspect de Jodorowsky et son intérêt pour la guérison individuelle et collective et notamment la psychogénéalogie, dont il fut un grand précurseur, en font un artiste réellement engagé. Ce parcours atypique est retracé dans deux ouvrages autobiographiques Le Théâtre de la guérison et La Danse de la réalité (Albin Michel).