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Poizat (Michel) > L'opéra ou le cri de l'ange. Essai sur la jouissance de l'amateur d'opéra
Poizat (Michel) > L'opéra ou le cri de l'ange. Essai sur la jouissance de l'amateur d'opéra

Présentation

Michel Poizat, L'Opéra ou le cri de l'ange, Métailié, 2001.

> Présentation
Qu’est-ce qui fait courir l’amateur d’Opéra, de ville en ville, en quête de rares instants où la voix "divine" d’une cantatrice le plongera dans une émotion que l’on ne saurait, à y regarder de près, qualifier d’agréable?
Que nous dévoilent des ressorts de cette émotion la répétition sur la scène de certaines situations dramatiques et la présence de figures de femmes vouées à la mort et au sacrifice? Ne sont-elles pas la manifestation des processus inconscients qui fondent l’Opéra et le plaisir qu’on y trouve?
Michel Poizat nous entraîne avec talent à travers l’histoire de l’Opéra dans sa quête de cet étrange objet du désir qu’est la Voix.

> Mes notes et citations, infidèles et subjectives

Sirènes et cantatrices lyriques
Créatures de l'eau, liquide amniotique maternel, les sirènes représentent le lien entre principe de plaisir et pulsion de mort. Id. nymphe Echo. Elles invitent à une régression infantile. Voix de la jouissance corporelle qui défie la rationalité du soi en l'amenant à se dissoudre dans la béatitude de sa préhistoire (Adorno). Le chant renvoie aux rythmes internes du corps (cardiaque, respiratoire). Théorie qui place phénomènes acoustiques et vocaliques dans hémisphère droit du cerveau (≠ hémisphère gauche qui abrite pensée logique et rationnelle). La voix en général sollicite sphère émotionnelle (≠ logique). Cantatrices id. Sirènes = La voix domine la parole et la rend secondaire. L'air de la Reine de la Nuit : voix qui désintègre signification des paroles. Donc ds l'opéra le principe féminin de la vocalité l'emporte sur le principe masculin de la rationalité, malgré le livret misogyne. Binôme Femme/corps, corporéité ≠ Homme/raison, sémantique.

La voix comme lieu d’un "accord" (ou désaccord) identitaire d’un sujet .
Le langage sonore - pourtant premier à se manifester dans l’ordre des perceptions par rapport à la vision -, a été fort peu étudié jusqu’ici, il tend à l’être de plus en plus.
I. Du concept d’identité à l’"accord identitaire dans la voix".
"Si l’identité d’une personne est le fait de sa capacité à intégrer les divers axes identitaires qui la traversent, sa voix est potentiellement vecteur d’expression de chacun de ces axes ; cette capacité à intégrer, à faire un avec ces divers axes et à les exprimer vocalement constitue l’"ACCORD" IDENTITAIRE D’UN SUJET". Les axes identitaires représentant en quelque sorte les différents rôles dans lesquels un individu peut être placé dans sa vie.
>> "accord", métaphore de cette réalité d’une portée musicale sur laquelle on peut trouver, faire sonner en un "accord", en une seule et même résonance, trois, quatre, cinq notes produites en même temps et parvenant à l’oreille d’un auditeur en un son harmonieux ou disharmonieux, en un son plus ou moins riche d’harmoniques, de résonances, etc. L’accord identitaire est donc une métaphore de la voix qui selon moi réactive à tout instant d’une expression vocale, d’un "geste" phonatoire, toutes les particularités de l’identité d’une personne. Le concept-même d’identité suppose d’ailleurs cette notion d’accord ou de désaccord, d’harmonie ou de conflit dans l’intégration de plusieurs éléments contribuant à la constitution de cette identité (ou personnalité). Ce concept d’identité ne désigne pas seulement les caractéristiques intrapsychiques telles que vécues par une personne mais il désigne aussi ses caractéristiques de positionnement social, caractéristiques qui interagissent évidemment avec des caractéristiques personnelles. L’identité est à l’interface entre l’intrapsychique et le social. Quand il est question de voix, ce ne sont pas seulement des caractéristiques de personnalité qui se font entendre dans les intonations de la voix, reflet des émotions, mais aussi des caractéristiques d’origine apparaissant dans la prononciation d’une langue ou dans un accent, des caractéristiques de culture, de milieu particulier, d’intonation propre à une région ou/et encore des déformations "artistiques", voulues par exemple par la condition de comédien.
>> Erik ERIKSON : c’est la "clinique" et l’obligation faite aux praticiens de se doter d’outils de compréhension et d’intervention pour traiter par exemple des traumatismes psychologiques de soldats "choqués" par la guerre ayant perdu leur "personal sameness", en "crise", en rupture de leur sens d’eux-mêmes et de leur continuité historique qui a produit ce concept => le concept d’identité ait été adopté par les psychanalystes Winnicott, Searles, Kohut,... sensibles à l’environnement dans lequel s’ancre l’individu pour se constituer, + psychologues sociaux, les anthropologues, les sociologues d’aujourd’hui qui devant les mutations, les "crises" qu’entraîne notre société postmoderne, observent aussi la crise des lieux de socialisation-références, groupes et communautés, culturels, politiques, idéologiques traditionnellement générateurs des conditions de sécurité nécessaires au processus identitaire. Erikson assortit le concept d’identité de deux qualificatifs : "personnelle" et "sociale", suppose deux faces : l’une orientée vers l’intérieur de l’individu, ce qu’on indique aussi lorsqu’on parle du conflit susceptible d’intervenir dans les relations que l’individu entretient avec son propre corps, avec les représentations qu’il se fait de ses relations à son environnement, et donc en relation à lui-même, et l’autre orientée vers l’extérieur de l’individu et qui met en cause ses relations avec son environnement sur un mode de différenciation et donc de conflit virtuel également avec cet environnement, dans les jeux et articulations de rôles qu’il assume. L’identité de l’individu est en perpétuelle mouvance, réalité historique qui remanie constamment tout ce qui était apparu précédemment dans le sens de soi, et qui pourtant, autorise ce "sentiment subjectif et tonique d’une unité personnelle (sameness) et de continuité temporelle (continuity) "(Erikson,1972). Cette définition de l’identité comme un processus en évolution avec l’histoire du sujet, avec ses ancrages sociaux et sa capacité à continuer de s’y reconnaître, et de se reconnaître m’amène donc à considérer que tous ces aspects sont inscrits à tout moment dans l’expressivité de la personne et tout particulièrement dans sa voix. Du point de vue clinique, cette hypothèse d’un accord identitaire dans la voix, et donc de désaccord ou de couacs, de bruits dans la voix, nous invite à affiner notre oreille, non seulement sous forme d’écoute, mais aussi d’"audition".

II. La voix, réalité nécessairement psychocorporelle d’ordre transitionnel.
Phénomène "voix humaine" : observation physicoacoustique indissolublement liée à l’observation psychique. Anatomophysiologie, pour qu’il y ait voix, il faut un générateur de sons = larynx & cordes vocales qui vibreront et s’étireront sous l’impulsion d’une énergie = souffle expiratoire, et grâce à des "modulateurs" : cavités de résonance supraglottiques. La voix est le son produit par un "instrument (au sens musical), comportant cordes et caisse de résonance. Suppose appareil phonatoire + appareil auditif, susceptible de recevoir le son et de l’interpréter. Qui dit voix, dit oreille. La voix et ce qu’elle exprime n’a de sens que parce qu’il y a oreille : son oreille à soi, ("je m’entends de l’intérieur"), et l’oreille de l’autre ("vous pouvez m’entendre".) Voix = prolongement corporel de type très particulier qui vient résonner à l’oreille d’autrui non seulement comme un ensemble de bruits (activation de la cochlée et des cellules ciliées), mais comme un effet de langage, plus particulièrement d’un langage sonore, qui se manifestera par moment dans une parole, toujours porteuse de significations. L’exercice qui consiste à chercher à situer la voix, montre combien sa localisation est subjective, référée non pas seulement à l’appareil phonatoire et respiratoire, mais aussi à l’ensemble du corps, dans l’espace ET hors-espace du corps. Valeur énergétique d’un son (toute communication par des objets sonores implique une pulsion énergétique caractéristique) sont toujours intimement imbriqués dans une valeur symbolique de communication. Pour l’oreille humaine, tout son a valeur de signification, dès avant la naissance. La voix en tant que réalité sonore, s’indique d’emblée comme une réalité "transitionnelle" de soi à soi et de soi à l’autre, au sens physicoacoustique du terme, (un son transite d’un appareil phonatoire à un appareil auditif) mais aussi comme réalité "transitionnelle", Winnicott, car il est un activateur essentiel des investissements de l’imaginaire. (effets d’écoute d’airs musicaux, yeux fermés.)
>> La voix apparait dans ce cri poussé par l’enfant à la naissance. Elle apparaît avec le premier souffle. Ce premier souffle, bruyant, indiciel, au sens sémiologique, indique que le foetus accède au monde des vivants comme être physiquement séparé, être perceptible comme entité propre. Il présente un corps aux limites finies, marquées par une enveloppe : sa peau. Il est désormais identifiable, nommé, mais pas encore "identité" personnelle : ce cri, "première déclaration" imprime tout de suite le schéma contraction-détente, charge-décharge de l’appareil respiratoire, dans un mouvement spastique impressionnant, mouvement spastique qui sera réactualisé de façon de plus en plus complexe tout au long de l’existence. Une accumulation d’énergie dans la première inspiration pour une expulsion subite d’un son dans la première expiration. Et toutes les altérations de la respiration viendront altérer l’expression vocale, le geste vocal. Jusqu’à ce moment ultime où l’on perdra la voix lorsqu’on "rendra son dernier souffle"... La voix accompagne typiquement la vie du corps séparé : ce premier cri = indice de la coupure physique d’avec la mère, de la séparation définitive de ce lien au corps de la mère, qui contenait, retenait, reliait par le cordon ombilical. En même temps que ce cordon ombilical est rompu s’inscrit tout de suite un autre type de lien/cordon, plus immatériel, la voix. La voix devient un cordon ombilical symbolique. Comme foetus, l’être humain n’a pas la possibilité - ni peut-être le besoin - de se manifester par la voix. Il peut bouger, entendre, percevoir des lueurs, goûter, toucher et ressentir le toucher... La voix dès la naissance = phénomène par excellence du rapprochement et de la recherche du lien dans la séparation : l’inclusion sonore prend le relais de l’inclusion par le ventre maternel. Cette inclusion demeurera tant qu’il y aura à la fois oreille et voix. Inclusion sonore ≠ propriétés de la vision : le son englobe, quand l’oeil perçoit une différenciation objective des objets. Au-delà de l’aspect purement physique de la mise en route de la pompe respiratoire qui se libère dans un cri, Denis Vasse, la voix est tout de suite un signal porteur de sens, parce que l’entourage va d’emblée inscrire ce cri dans un univers de sens, d’interprétations. Et ce cri est le prélude bien sûr d’une multitude d’autres bruits produits par l’organe phonatoire, bruits qui très vite trouveront un sens entre les interlocuteurs mère-enfant-entourage du fait de la résonance, de la réponse émotionnelle que cet entourage apportera à ces bruits, mouvements vocaux de l’enfant. La voix est une réalité en permanence "transitionnelle". Elle répète, à chaque profération d’un son, l’appel à une reliance physique au corps de l’autre.
 
III. Psycholinguistes et psychophonéticiens :
* Développement psychosensoriel par le son : La voix et ses sortilèges, M.F. Castarède : le babytalk de la mère à l’enfant, bain sonore essentiel pour fonder sa capacité langagière, mais aussi sa capacité de jeu dont la voix reste "toujours la métaphore dans toute relation" . La voix = phénomène transitionnel typique et permanent de la vie humaine (Denis Vasse). Les observations de l’enfant en circuit fermé avec sa mère dans ce babytalk où l’un répond à l’autre dans une même "bulle" sonore, induit cette indifférenciation psychique, fusion dans laquelle ils baignent tous les deux. La mère elle-même est stimulée par son enfant à prendre un ton bien plus élevé que celui de sa voix normale : une voix ralentie, qui "palatise", qui imite l’enfant. Elle joue de sa voix quasi à son insu en se réinvestissant elle-même dans cette inclusion imaginaire. Ce jeu induit la possibilité de l’enfant de s’écouter et se réécouter lalaliser, en circuit fermé avec lui-même, et de se ramener ainsi une mère chantante, parlante, vivante bien qu’imaginaire. Reproduire ces jeux vocaux qui contribuent au développement sensorimoteur et psychocognitif, est essentiel à l’intégration du Moi. Quand s’inscrivent sur fond de vocalisation les phonèmes de la langue qu’il aura à parler pour accéder à cet état d’être humain reconnu socialement, quand il imite et introjecte ces codes sociaux, l’enfant intériorise suivant les répétitions, suivant présentations et représentations de PIAGET et WALLON, ces schèmes d’activités lui permettront d’accéder à d’autres actions idéomotrices et à devenir créatif.
>> Edith Lecourt : comment les "enveloppes sonores" de l’enfant contribuent à constituer l’élément fondamental de construction et d’organisation de sa personnalité. Comment les caractéristiques du son réfèrent immédiatement à l’imaginaire et comment ce son et l’audition de sa propre voix et de celle de l’autre ne pourront prendre sens que parce que d’autres sensorialités sont appelées en même temps. Le bain sonore dans lequel se développe l’enfant, n’est pas seulement lié à l’interaction maternelle, mais aussi au bain sonore familial qui préfigure les polyphonies sociales, les jeux interactionnels dans lesquels tout individu doit s’inscrire. => le son et la voix sont un premier organisateur de la personnalité, qui se développe en même temps que d’autres sensorialités, mais précède nettement la vision, et la capacité de préhension ou de déplacement de l’enfant. L’ordre du sonore relève de l’inclusion. On ne peut se fermer au sonore donc à la voix que par un acte volontaire ou réflexe d’éloignement. Encore faut-il pouvoir s’éloigner. L’intrusion sonore peut donc être extrêmement destructrice. S’entendre soi, entendre l’autre, en symphonie ou cacophonie, favorise la capacité d’écoute de l’autre mais favorise aussi le développement d’une "oreille intérieure" : la capacité à s’entendre dire des choses, s’entendre articuler des mots. "miroir sonore", "écholalie", "bain sonore" "enveloppe sonore", autant de métaphores d’un monde sonore... Castarède souligne l’importance de la voix de la mère faisant résonance au babil, au "délire de la langue de l’enfant", parle de "miroir sonore", reprenant le concept de miroir à la théorie lacanienne. Edith Lecourt : ce concept de "miroir sonore" est une métaphore contestable puisqu’il réfère à l’ordre de la vision une réalité d’ordre sonore. Elle lui préfère le concept-métaphore de "bain sonore". En effet dit-elle, l’ordre du sonore, parce qu’il précède le moment bien spécifique de la constitution du moi dans le stade du miroir, oblige à réfléchir des moments bien plus précoces de résonance du milieu au babil de l’enfant, résonance répétons-le qui donne des structures présignifiantes à cet enfant, du fait de l’environnement dans lequel il baigne. La métaphore du "bain" appelle une signifiance supposant la concomittance d’une expérience sensorielle de "portage"(holding) et de contact par le toucher et la manipulation (handling), et de contenance qui va contribuer à l’organisation de l’expérience sonore et permettre de parler d’"enveloppe sonore" comme une des enveloppes psychiques. Cette expérience, ajoute cet auteur, permet l’ébauche du sens du rapport extérieur/intérieur du fait des bruits que le nourrisson produit au moment de la succion : la sensation de sa bouche comme contenant s’associe à son propre bruit et en même temps à la sensation bien agréable de "boire". Il boit sa mère, il boit ses sons... Sans cet effet de portage et cet effet de parexcitation, c’est une "écholalie" que peut vivre le nourrisson. Or, si l’on rend compte de la métaphore reprise au mythe malheureux d’Echo, cette expérience écholalique est nécessairement désastreuse pour la constitution du Moi. En effet, reprenant à nouveau le sens porté par le mythe d’Echo, Edith Lecourt rappelle comment pour avoir détourné l’attention de Héra en un moment où Zeus séduisait une autre nymphe, Echo est condamnée par la déesse à répéter les mots de ses interlocuteurs sans aucune créativité propre, dans un psyttacisme destructeur. Ce mythe qui d’ailleurs a son pendant dans les mythes de Narcisse mais aussi de Pan, se réfère typiquement, du point de vue de la psychanalyse, au processus primaire. Il attire l’attention sur le fait qu’il ne suffit pas d’avoir en face de soi une mère, un interlocuteur, qui vous fait simplement "écho", pour se construire et s’investir précisément en tant que Sujet. L’écho au sens strict, se perd dans le hasard de l’espace. Il n’apporte aucune structuration de sens dans ce qu’il renvoie. Au contraire, il tend à réfracter des "morceaux", des "parcelles" de sons, sans référence à un contexte organisateur, validant. Pour cette raison, le concept d’"écho sonore" que l’on serait tenté d’utiliser pour remplacer celui de "miroir sonore" ne peut être utile. Il rejoint plutôt une réalité pathologique, un risque, une menace pour le nourrisson référé au hasard d’un espace creux, aux parois lointaines et froides qui se contentent de réfracter, répéter (mal) des mots sans en répercuter le contexte et le sens. La mère "suffisamment bonne", Winnicott, offre plutôt à l’enfant une présence concrète qui contient et donne sens à ce qu’il exprime vocalement ; elle l’autorise ainsi à se ressentir et s’identifier au gré de ses expérimentations sensorielles, dont celle du miroir.
° La théorie de FONAGY
Psychanalyste + techniques de laboratoire de la linguistique classique et propose une théorie "bioénergétique" de la voix ; sa recherche l’amène à créer une caractérologie des voix, basée exclusivement sur l’observation des mouvements articulatoires et glottiques des individus, la glotte étant pour lui le lieu d’une miniaturisation de tous les mouvements corporels qu’un individu peut produire ou esquisser. Son ouvrage La vive voix, essai de psycho-phonétique : chaque geste vocal posé par une personne lorsqu’elle parle, est d’un côté métaphore d’une réalité pulsionnelle inhérente à cette personne, c’est le versant psychologique de sa psychophonétique, et de l’autre, que ce même geste vocal est produit par une personne située dans un contexte historique et culturel donné qui va marquer son mode de prononciation d’une langue. C’est le versant phonétique de ce geste. Il indique par ailleurs qu’à l’inverse, une langue est investie par des personnes et donc réalité vivante et en changement contrairement à ce que tente à montrer les linguistes classiques. Fonagy s’inscrit dans la lignée de Jakobson, reprend les caractéristiques du code linguistique qu’il retient comme message primaire, mais postule donc la présence synchrone d’un code paralinguistique, lieu d’un message secondaire, d’ordre émotionnel, considéré la plupart du temps comme "code naturel " prélinguistique inintéressant à étudier pour les linguistes classiques. Approches expérimentales des sciences humaines. Comédiens chargés d’exprimer des émotions particulières, ou de lire des textes littéraires ou phrases proposés dans une langue ou une autre. Parmi les procédés, des procédés radiologiques permettent de rendre visibles les mouvements glottiques, invisibles et cachés à l’oeil de l’expérimentateur et lui permettent de déceler les modes articulatoires et musculaires en jeu dans l’expression d’une émotion ; ou la mise en situation de sujets-auditeurs devant apporter leur interprétation à l’écoute de textes tantôt lus par deux artistes (présents ou enregistrés suivant les cas, tantôt déformés, ou filtrés, ramenés à la mélodie uniquement (le texte/message primaire étant alors gommé) ; tantôt sous forme de phrases de même portée significative exprimées dans des langues différentes = énorme travail expérimental qui enrichit la connaissance "rationnelle" de la "vive voix" et tend à prouver en marge de la linguistique classique, que le geste vocal, notion qui intègre l’idée de la libération d’énergies expressives inhérentes au geste articulatoire nécessaire à la parole, peut être considéré en lui-même, d’autant plus qu’il s’enchevêtre au verbe dans la parole, et se "greffe sur la communication verbale", "sans détruire, sans gêner d’aucune façon la communication."