Un peu de théorie

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L’expérience n’y fait rien

Présentation

L’expérience n’y fait rien : écrire avec ce doute-là, constant.
Ecrire et s'exposer au danger de publier, donc au désespoir de rater, de déplaire, de se voir un jour les portes fermées, de voir l’éditeur refuser soudain de rendre sa chose publique et ses lecteurs ne plus souhaiter poursuivre la conversation.
Ecrire en ne s'appuyant jamais sur rien.
« Une publication entraîne un nouveau recours à l’écriture : on fait ainsi la preuve de l’invalidité de toute conclusion, de la nécessité de se refonder, de nouveau et sans cesse », dit l'universitaire Jean Roudaut. L’humilité ne se singe pas. Elle est une forme particulière de remise à neuf, plutôt de mise à jour, qui permet à l’auteur, tant qu’il est en possession de tous ses moyens (l’extrême fragilité et la vulnérabilité lui sont l’indispensable terreau), de « sentir toutes les incertitudes et les angoisses d’un débutant, avec en plus certaines facilités traîtresses, qu’il faut brutalement maîtriser. »
Charles Péguy ne s’attaquait à une œuvre nouvelle que « dans le tremblement », Alain-Fournier ne trouve toutes ses forces « que dans l’instant où il se sent abandonné de tout ce dont il a pourtant besoin. » Julien Green note dans son journal : « L’expérience n’y fait rien, n’apporte rien, ne donne aucune facilité… Vouloir écrire et ne le pouvoir, comme ce matin, est pour moi une sorte de tragédie. La force est là, mais elle n’est pas libre, pour des raisons que j’ignore. »