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Ses détracteurs disent qu’il suffit d’un vers, d’un passage, de quelques lignes, pour que l’animateur soit en transe. Lorsqu’il parle de tel ou tel auteur mort, alors il est soudain fait de bonds, de cris, de gesticulations, parfois de tremblements. Ses détracteurs pensent que, tout comme le chaman, l’animateur assure de multiples fonctions jugées faussement indispensables à la vie de la communauté culturelle : elles vont de l’obtention de la chance à l’examen ou de la fécondité des mémoires et l’appel de la pluie jusqu’à la divination ou à la voyance (y compris pour retrouver des phrases perdues), à la cure ou à l’envoi de certaines maladies d’ambition et aux relations avec les artistes morts.
Ses détracteurs n’ont pas tort quand ils accusent quelques animateurs de se faire la figure du sorcier de village, du medecineman, du soigneur à la fois ingénieux et superstitieux, dévoué à l’écoute et prompt à appliquer ses recettes miracles.
L’écriture est surnaturelle, l’exercice de la poésie se révèle mystérieux, à la fois attirant et effrayant. Ce qui échappe à la règle est inquiétant et en même temps puissant.
C’est Annie Dillard qui montre le mieux combien le geste d’écrire ne peut se faire que dans un état magique : « Car, pour écrire un premier jet, l’écrivain doit se mettre dans un état intérieur particulier que l’existence ordinaire n’induit pas. Si tu étais un guerrier zoulou frappant ton bouclier avec ta lance pendant quelques heures en compagnie d’autres guerriers zoulous, alors tu serais peut-être à même de te préparer à écrire. Si tu étais une vierge aztèque sachant des mois à l’avance qu’un certain matin les prêtres allaient te précipiter dans un volcan brûlant, et si tu passais tous ces mois en purifications rituelles et à boire des liquides douteux, tu serais peut-être, le moment venu, prêt à écrire. Mais comment si tu n’es ni un guerrier zoulou ni une vierge aztèque, comment te préparer, toute seule, à entrer dans un état extraordinaire par une matinée ordinaire ?
Comment lancer ta toupie ? Où trouver un bord — un bord dangereux ? Où le chemin de ce bord et la force de le gravir ? »
Je suis ravie de vous informer que mon nouveau site web est maintenant en ligne !
www.regine-detambel.com
J’espère que vous apprécierez cette nouvelle expérience de navigation.
Merci de votre attention et à très bientôt !
Chaleureusement,
Régine Detambel