Formes brèves

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Blasons d'un corps masculin (Reprint)
Régine Detambel
Blasons d'un corps masculin (Reprint)
Publie.papier
Coll. Reprint

Date de parution : 2012
ISBN : 978-2-8145-9118-9
72 pages

9,10 €
Présentation

Le livre

Le corps masculin dans son érotisme, sa sensualité, et l’hommage à toutes ces marques anonymes de la vie quotidienne, de l’humble vivre ensemble ? Le blason – on a tous en mémoire celui de Marot sur le tetin – est une tradition précise de description du corps, où l’érotisme est un défi à la poétique même de la langue.
Régine Detambel a toujours mis le corps au centre de son entreprise littéraire, retourne de façon contemporaine le modèle du blason et l’inverse. Dans cette forme où traditionnellement l’homme nomme la femme, et un système où il est lui-même l’agent dominant, c’est sur lui qu’on le retourne, et littéralement de haut en bas. Detambel commence en haut, et puis descend, prend le grain de beauté, la fesse, on se lave ensemble, on se touche, se soulève, se picore entre sensualité, curiosité, assouvissement et transgression.

Et peut-être que la réussite du texte, ou sa part la plus risquée, tient au déterminatif : non pas blasons du corps masculin, mais blasons d’un corps masculin, celui de l’être aimé... mais pas pour autant qu’on lui fait des cadeaux.

Longtemps, Régine Detambel a écrit debout, sur des cahiers ou des carnets disposés à divers endroits de son lieu de vie et de travail (un cabinet de kinésithérapie). L’écriture s’accumulait par fragments, debout, au gré des haltes ou des passages. D’autre part, précisément la kinésithérapie : le corps au centre de l’approche de l’autre, ou en tout cas tout cela du même geste.

Et quel plaisir, dans un texte où la notion de plaisir, justement, est partout sous-jacente, dans toutes ses acceptions...

 


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Un entretien avec Christine Jeanney, 23 juin 2013 
Un texte/Une voix — Blasons d’un corps masculin/Régine Detambel

C’est la voix de Régine Detambel que nous vous proposons d’écouter ce dimanche.
Si Martin le Bouillant est à l’affiche en ce moment puisqu’il vient de paraître, c’est à propos de Blasons d’un corps masculin qu’elle a bien voulu répondre à nos trois questions :

Quelle est la phrase/anecdote/situation qui déclenche l’écriture de Blasons d’un corps masculin ?
Dans les années 90, qui ont vu l’écriture des Blasons, j’étais attentive à ce que ma myopie extrême pouvait entraîner comme vision monstrueusement créative du monde et de l’amour. Dans l’intimité, il suffisait que je dépose mes lunettes sur la table de chevet pour que le corps de l’autre ne soit plus que puzzle. Du coup, les Blasons de Clément Marot, ceux de Pascal Quignard, m’ont aidée à mettre en forme l’image d’un homme.
Jusque-là, les blasons littéraires n’étaient que féminins, regards masculins salaces et goguenards, jetés sur une femme dépecée, morcelée… Je m’y suis livrée, à mon tour, non pour découper et disséquer l’autre, comme cela a été dit souvent, mais tout simplement pour rendre sensible ma vision intime de grande myope.
Les myopes profonds ne voient pas les corps comme un tout, ou bien ils en rendent compte par la peau, la caresse, ce qui est venu ensuite dans mon écriture, tout naturellement (Petit éloge de la peau), et puis par la voix (Opéra sérieux).

Si Blasons d’un corps masculin était une personne ou un personnage, qui serait-il ?
L’homme qui partageait ma vie dans les années 90, mais dans un portrait gravement mâtiné de réminiscences littéraires !

Quel passage/mot/extrait de Blasons d’un corps masculin vous tient le plus à cœur et pourquoi ?
Le passage sur les dents, les dents du garçon comme une collection de pierres.
« Ses dents étaient des tueuses. Des choses vivantes s’y dissolvaient. Des choses mortes y remuaient. Ses dents n’étaient pas blanches, mais usées, de la pâleur jaune de l’ivoire et de l’os. La pulpe de ses gencives, rose, rougissait quand la brosse, la croûte du pain ou encore le mouvement de ses dents à elle, quand elle l’embrassait en le rongeant, faisaient venir le sang. »
À cette époque, je cherchais à construire des images inouïes, et j’ai lu Roger Caillois, son essai sur le mimétisme, ses poèmes en prose sur les pierres (L’écriture des pierres). Il m’a semblé alors qu’il y avait beaucoup à gagner dans le fait d’écrire le corps humain avec un lexique géologique ou purement chimique… J’avais vraiment l’impression de renouveler quelque chose !