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"En fin de compte, mon écriture poétique n'est pas différente de mon écriture romanesque. je m'y retrouve. Peut-être que simplement je dis les choses plus clairement dans Icônes. C'est une histoire d'amour, de la rencontre jusqu'à la rupture. je me suis aperçue que j'aimais plutôt les textes de la haine et de l'éloignement,
du désamour. J'aime le désamour..." R.D.
Quelques poèmes
Sans mesure
Une cuillère de yaourt
une nappe brodée de rouge,
deux-trois groseille nature
Je t’aime sans mesure
fais-moi un gâteau
Le sel et la vanille
Le lait coule de ta main
Saupoudrer la chapelure
Je t’aime sans mesure
Fais-moi un gâteau
La cuisine en désordre
le dessin d’un soleil
sur un coulis de mûres
Je t’aime sans mesure
fais-moi un gâteau
Parole de farine
et ta douceur de sucre
Et ton poids de levure
À t’aimer sans mesure
J’en ferai un gâteau
ta langue de biscuit,
ta salive de meringue,
une larme de confiture
je t’aime sans mesure
je veux faire un gâteau
tes genoux sont des pêches
et ma table se dresse
ta peau est un plateau
je t’aime sans mesure
et tes yeux me prenant,
sont plus intimidants
qu’une profonde blessure
tes seins ont fructifié
tes lèvres bonnes à confire
sont écarlates et rondes
je t’aime sans mesure
fais-moi un gâteau
tes cheveux sont citron
tes seins des œufs entiers
mêlés à du lait de figue
Je défais ta ceinture
Mon miel, ma grisette
Et ma liqueur parfaite
Je t’aime sans mesure
À ta porte secrète
Quelle vanille se suspend
Dans l’odeur de ton pain
Je t’aime sans mesure
J’ai défait ta ceinture
Au premier jour
Au premier jour d’une femme, le corps est une prison pour l’âme. Les sens sont le commencement et la fin. Sont tout commencement et toute fin. Le corps est à nu, un recueil des fragments qui giclent du monde à chaque instant. Un jour de femme est cette simultanéité, une jonglerie, une symphonie. Le corps se fait montage, collage et séquence. Auto-engendrement, refondation de soi. Décision de se mesurer à soi-même dans son explication avec la planète qu’on foule et qui tourne sous les semelles. Pas question de lâcher, ou de perdre courage. On avance. On pivote. Spasme, transe, étourdissement qui anéantissent la réalité avec une souveraine brusquerie. Cela nous submerge, nous tentons d’organiser le vertige, cela tombe en morceaux, nous l’organisons de nouveau et tombons nous-mêmes en morceaux.
Au deuxième jour, mangé une pêche nommée téton de Vénus. Elle est plus ovale que ronde, avec un sillon peu marqué, et elle porte à son sommet velouté un ombilic saillant qui lui a valu son nom.
Un sein à l'égal de la pêche, comme elle ombiliqué.
Troisième jour, une poignée de cerises. Il en reste encore dans le compotier posé sous la fenêtre. Je contemple les petits nombrils blancs que la lumière du jour indique au centre de chaque fruit et qui, par la magie de l’heure, semblent mouillés et quasiment mobiles.
Un cadran solaire en chair de cerise.
Près de la fenêtre il y a des roses aussi. Et je reviens constamment à celle-là, une rose potelée, ronde et creusée comme un nombril d’enfant.
D’enfant en pleurs, au premier jour, qui resplendit sous ses larmes comme une pêche sous l'averse.
Des extraits de cet ouvrage ont été publiés dans le n° 83 de la revue Po&sie, publiée par Michel Deguy.
Je suis ravie de vous informer que mon nouveau site web est maintenant en ligne !
www.regine-detambel.com
J’espère que vous apprécierez cette nouvelle expérience de navigation.
Merci de votre attention et à très bientôt !
Chaleureusement,
Régine Detambel