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Dit par l'auteur
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L'avis de l'éditeur
Cette pastorale moderne est en réalité une méditation sur l’amour sénescent, y compris l’amour physique : sujet dérangeant et mal connu, mais traité ici avec une grande délicatesse, en un texte court, dense et poétique à la fois. Un texte de moraliste des surfaces, pourrait-on dire, tant Régine Detambel est douée pour parler de la peau, de la nature, du visible et des racines plongées dans l’invisible.
Alarmé par la disparition de Maria, une résidente octogénaire de la maison de retraite où il vit également, Taine, son vieil amant anxieux, décide de se sauver pour partir à sa recherche. Il croit savoir où elle se trouve : quelque part dans sa maison du Ventoux, dans sa maison de toujours, sur la montagne. Commence alors un véritable road-movie puis une ascension, dans ce cadre naturel propice à l’inspiration et à la connaissance de soi, déjà fêté pour ces vertus par Pétrarque et Jean-Henri Fabre.
S’il ne retrouve assurément pas la vieille femme, morte depuis plusieurs jours déjà dans un recoin invisible de la maison de retraite, le vieillard découvrira les secrets et les replis du monde et de lui-même. Recueilli par Vitalie, la rebouteuse, avec laquelle il vivra une nouvelle histoire d’amour, il fera ample provision de vraie vie dans l’espoir de se préparer à retrouver sa Maria.
Depuis Pétrarque, le Ventoux n’a rien perdu de sa dimension de lieu sacré. Des rencontres marquantes sur ses flancs, avec un berger, des touristes, une herboriste, des cyclistes, ainsi que des découvertes multiples (la nature, l’amour, la foi, le questionnement incessant du monde…) marqueront à jamais ces quelques jours d’échappée belle, formant à jamais dans l’existence finissante de l’aventurier clandestin et octogénaire une poche lumineuse d’extraordinaire.
Un point de départ dans le réel
Ce livre est né d'une offuscation. Je n'avais pas l'intention de consacrer encore un ouvrage au thème des vieillesses, jusqu'à ce qu'un événement horrible se produise dans une maison de retraite à deux pas de chez moi. Une résidente avait disparu. Un beau jour, on ne la trouva plus dans sa chambre, et comme elle avait la maladie d'Alzheimer, le personnel en déduisit qu'elle avait fugué, que sa manie ambulatoire l'avait entraînée dans les bois, dans les vignes, loin d'ici. On a envoyé des patrouilles et des chiens dans la campagne. Quelques jours plus tard, un entrefilet dans le journal local indiquait que la vieille femme n'avait pas du tout quitté l'établissement mais qu'on l'avait retrouvée, trop tard, beaucoup trop tard évidemment, sous un escalier, où elle était tombée, dans un recoin de la maison de retraite.
Ce qui est inacceptable, à mes yeux, c'est la déduction erronée d'un personnel soignant dont la logique est malade et qui a ainsi raisonné faussement : puisque la résidente est malade d'Alzheimer, elle est donc fugueuse.
La vieille femme est morte. Elle était là. Elle était à deux pas. Et personne n'a voulu la voir. Cette histoire a résonné pour moi comme la Lettre volée de Poe.
Catherine Halpern, Sciences Humaines,"Le sexe dans tous ses états", n° 10, novembre-décembre 2009.
Le sexe au grand âge
« Jamais ils n’osèrent reparler de l’œil courroucé de la jeune femme en blouse sur leur désir insensé et dégradant. Comble de perversité, elle leur avait conseillé de mettre un terme à cette liaison, ajoutant finement “sans lendemain”, puisque l’amour octogénaire n’est qu’un parasite mensonger. L’écraser sans regret pour éviter l’enlisement dans une passion sans issue, à l’évidence mortelle à court terme. Pourquoi gâcher une si belle fin de vie par des débordements, quand ils feraient mieux de cultiver la sérénité, chacun de son côté ? Quel plaisir peut-on trouver à une telle peau, à jouer à la bête à deux dos avec une vieille à deux dents ? Et que diraient leurs familles, si elles les voyaient ainsi se conduire en vieux cochons ? » Régine Detambel dans Noces de chêne (Gallimard, 2008) prend le détour de la fiction pour conter l’amour et l’étreinte en maison de retraite. Mais le rejet qu’elle dépeint n’est en rien une exception. Amandine Thibaud et Caroline Hanicotte, deux psychologues cliniciennes, se sont ainsi intéressées à la représentation qu’ont les soignants de la sexualité des sujets vieillissants. Elles ont pour cela mené des entretiens auprès de douze soignants : six en maison de retraite et six en service hospitalier. La conclusion est sans appel : « Il leur est généralement difficile de penser ou d’imaginer que des manifestations sexuelles puissent se réaliser à un âge avancé. L’importance de la sexualité, à ce titre, est minimisée voire niée. Les réactions des soignants traduisent unanimement la surprise, l’étonnement, la gêne ou le malaise. Dans un quart des entretiens, les soignants expliquent que confrontés à une expression de la sexualité, ils se sentent obligés d’intervenir pour arrêter le comportement voire, pour certains, de prévenir la famille du patient. » Comportement discriminatoire lié à l’âge ? Sans doute, même s’il y a aujourd’hui davantage de sensibilisation qu’autrefois à la question de la sexualité chez les personnes vieillissantes.
Régine Detambel a été la marraine nationale de la Semaine Bleue 2008 et se consacre depuis à une sensibilisation des publics, notamment en bibliothèques, sous forme de conférences-débats autour de cette polémique et vaste question de la vieillesse.
Je suis ravie de vous informer que mon nouveau site web est maintenant en ligne !
www.regine-detambel.com
J’espère que vous apprécierez cette nouvelle expérience de navigation.
Merci de votre attention et à très bientôt !
Chaleureusement,
Régine Detambel